L’histoire |
La mémoire |
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passé.
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Ces deux mots sont souvent employés comme s'ils étaient des synonymes, mais comme l'a dit Pierre Nora dans les lieux de mémoire (1984), l'ouvrage au titre significatif qu'il a dirigé:
« … loin d'être synonymes, tout les oppose… »
Est-ce vraiment si sûr ?
Il faut, en tout cas, avoie bien en tête les distinctions développées dans le tableau ci-dessus. Il y a bien une distinction entre l'histoire et la mémoire mais elles entretiennent des rapports. Il est faux de dire que tout les oppose.
Les drames qui ont marqué le 20°siècle, particulièrement le plus atroce d'entre eux, l'extermination des Juifs et des Tziganes perpétrée par les Nazis, sont des faits historiques indéniables et il doivent être étudiés scientifiquement pour en conforter la vérité. Mais ils amènent à invoquer un devoir de mémoire. La mise en parallèle de l'histoire et de la mémoire conduisent à poser un certain nombre de questions.
L'histoire est souvent considérée comme une discipline de mémoire: une matière qu'il suffit de mémoriser pour la maîtriser. La mémoire est un patrimoine mental, un ensemble de souvenirs qui nourrissent les représentations, assurent la cohésion des individus dans un groupe ou dans une société et peuvent inspirer leurs actions présentes. L'usage du mot « Mémoire » s'est aujourd'hui généralisé. Il est associé à l'idée d'un devoir de mémoire.
Attention à l'instrumentalisation des deux. Il n'appartient, à titre d'exemple, pas à un parlement national de décider si le massacre des Arméniens est un génocide. Cette tâche incombe aux historiens. D'autant plus que ces questions sont souvent posées non pas pour faire oeuvre d'histoire ou de mémoire mais dans des buts partisans. L’Histoire est l’étude de faits qui se sont passés, c’est la science du passé. Elle n’existe pas seule et est essentiellement construite par les historiens.
N'y a t-il pas aussi un danger à multiplier les commémorations ? Les commémorations à répétition, ce "devoir de mémoire" ne vont-elles pas à l'encontre du but recherché. Malheureusement, cela donne parfois lieu à ce que à des commémorations extravagantes, devenant presque des « fêtes populaires »
Il faut en tout cas faire sienne la réflexion de Paul RICOEUR :
« Je suis prudent sur le devoir de mémoire. Mettre à l’impératif la mémoire, c’est le début d’un abus. Je préfère dire le travail de mémoire. ».
Et aussi cette pensée de Primo LEVI :
" Vous qui vivez en toute quiétude,
bien au chaud dans vos maisons,
n'oubliez pas que cela fut,
non ne l'oubliez pas "
