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Discours du 11 novembre 2011
au nom de la FNC AWANS-BIERSET.

Ci-après le discours prononcé par Pierre BEAUJEAN
Président de l'Oeuvre des Postiers Liégeois
et
Secrétaire de la FNC "AWANS-BIERSET et ENVIRONS"
Le poète LAMARTINE a dit:" L’oubli est plus qu’une seconde mort, c’est un affront". Voilà une citation à méditer. Ce serait un affront aux victimes, un affront aux combattants, un affront aux derniers qui restent. Quoiqu'en disent certains, ces cérémonies gardent toute leur motivation. Elles sont l'occasion de rendre hommage aux combattants pour que ne sombrent pas dans l'oubli les sacrifices et les souffrances de deux générations.
La mémoire est à la fois un outil et un reflet. Le 11 novembre est, au fil du temps, devenu l'occasion de questionner, d'interpeller et de donner un sens à l'histoire. Ces hommes et ces femmes, nos semblables, dont les noms sont gravés sur nos monuments furent des victimes innocentes âgées de 18 à 40 ans. Ils étaient à l'aube de leur vie, ils avaient des bonheurs à saisir, une richesse à partager.
La tentation de l'oubli ne date pas d'aujourd'hui. Déjà en 1928, dix ans après l'Armistice, les Anciens Combattants étaient heurtés par l’indifférence d'une grande partie de la population envers leurs aspirations morales et matérielles. Eux dont les pensées allaient constamment vers leurs camarades tombés dans les forts, sur les routes et dans les boues de l’Yser.
"Commémorer" c’est accomplir un devoir de mémoire à l’égard de tous ceux-là qui nous ont légué les valeurs de courage, qui sont tombés pour conserver à la Belgique son intégrité actuelle. "Commémorer" est aussi faire en sorte de ne jamais oublier ce que le XX°siècle eut de tragique et de monstrueux. "Commémorer" a aussi la vertu de rappeler que la paix et la prospérité sont des biens précaires qui ne se peuvent se conserver qu’au prix de la cohésion nationale. "Commémorer", c'est aussi opposer nos réponses de paix et de progrès à tous ceux qui prônent une marche arrière de l’Histoire.
A l'époque, l’Armistice a été ressenti comme un immense espoir. On a cru que la guerre à laquelle il mettait fin serait la dernière, la «der des der». Après quatre ans de conflit, c'était fini. Jamais on ne vit une nation communier toute entière dans une aussi grande ferveur. Mais cette immense joie était mêlée d’un profond sentiment de deuil et de tristesse: le pays pleurait ses morts et accueillait ses blessés et invalides. Nul ne fut épargné : aucune famille, aucun village, aucune ville. Elle se soldait par neuf millions de soldats morts, des combats au corps à corps et une Europe sens dessus dessous. Cet accident monstrueux de l'histoire ne devait pas servir de leçon. Vingt ans plus tard, un nouveau conflit, plus terrible encore, plus total, avec un bilan ahurissant de 38 millions de victimes, était déclenché et frappait la génération suivante.
L'Europe est aujourd'hui en paix. Il n'empêche que ce début du XXI° siècle n'est guère rassurant. Apparaissent, insidieusement, des dissensions au sein de nos communautés; renaissent le racisme et la xénophobie; triomphent à nouveau l'indifférence, l'intolérance et l'individualisme outrancier. On a oublié que la dignité, l'humiliation, le dédain, la solitude de l'exclusion ne sont pas mesurables. Plus qu’hier il convient d'agir pour construire une société de droits et de devoirs, une société de citoyens formés et conscients, une société plus tolérante.
Il reste donc des combats légitimes à mener pour garantir au sein de notre pays et du monde la dignité de nos semblables. Si nous voulons bâtir un avenir de paix et de fraternité, il importe d' associer la mémoire affective, sentimentale, du souvenir au savoir froid de la connaissance historique et ainsi sensibiliser la jeunesse aux enseignements à tirer.
La paix n’est jamais acquise. Pour être garantie, elle doit être portée par l’éducation à la citoyenneté et aux valeurs de liberté et de fraternité. Connaître l’Histoire, doit être autre chose que savoir énumérer des listes d'évènements. C'est se rappeler ce que nos aïeux ont vécu pour comprendre que le repli sur soi et la peur de l’autre ont toujours condamné l’Humanité à vivre le pire.
Le discours prononcé à AWANS le 11 novembre 2012
au nom de la FNC AWANS-BIERSET
Ci-après le discours prononcé
à l'occasion des festivités du 11 novembre 2012
par Pierre BEAUJEAN
( Président de l'Oeuvre des Postiers Liégeois )
( Secrétaire-Trésorier de la FNC "AWANS-BIERSET" )

DISCOURS 11 NOVEMBRE 2012.
Partout dans chaque ville, dans chaque commune, on se réunit pour commémorer le 94° anniversaire de l'Armistice, pour célébrer la liberté et se souvenir de ces quatre années de guerre faites de douleur, de larmes et de drames quotidiens. Commémorer le 11 novembre, c’est accomplir un devoir de mémoire vis-à-vis de tous ceux qui nous ont légué les valeurs de courage pour la défense de la nation et de la démocratie mais aussi de la paix. C’est aussi pour clamer notre espoir dans un avenir toujours meilleur et plus solidaire. Cet Armistice mit fin à une des plus grandes tragédies de notre histoire dont à notre insu, nous payons toujours le prix
Le 20ème siècle avait pourtant bien commencé, dans l’insouciance: les fastes des expositions universelles, les premiers pas de toute une série d'inventions laissaient augurer la place que la technologie allait prendre dans l'avenir de l'humanité. Mais un orage, éclaté du côté de SARAJEVO, allait dévaster l’Europe et provoquer la mort de millions d' innocents. Toutes ces manifestations de fraternité furent oubliées. Toutes ces belles inventions furent mises au service de l'effort de guerre. On découvrit que le progrès technique n'a pas nécessairement comme corollaire le progrès moral.
Cet orage jeta dans cette guerre tous les jeunes européens, qu'ils soient valets de ferme, boulangers, épiciers, ouvriers, artisans, commerçants, fonctionnaires, qu'ils soient du peuple, bourgeois ou aristocrates. Tous furent contraints de quitter leur famille, leur métier, pour revêtir l’uniforme et prendre un fusil. La première guerre fit 10 millions de morts soit un peu moins que la population belge actuelle.
A ce chiffre, on doit ajouter les millions d'hommes qui rentrèrent porteurs de graves blessures: reconnaissables à leur visage défiguré ( les "gueules cassées" ), à leurs membres coupés. Quatre millions de blessés, soit plus que la population actuelle de la Wallonie, quatre millions d'estropiés, de manchots, de gazés condamnés à essayer de vivre à peu près normalement. Et aussi tous les rescapés, indemnes physiquement, mais qui, toute leur vie, furent hantés par le souvenir des morts, des hurlements atroces des blessés, des visages de leurs compagnons tombés à côté d'eux. Hantés aussi, bien souvent, par le souvenir de ce qu'ils avaient dû accomplir. Jamais le monde n’avait connu guerre plus meurtrière. Alors les vétérans eurent alors à la bouche un seul slogan: « plus jamais ça ! » et ils jurèrent que ce serait "la der des der". On l'appela la "Grande Guerre". Plus tard, elle deviendra simplement la "Première Guerre"
L’humanité, pensait-on, avait compris l’absurdité et la vanité de la guerre. Pourtant cela n'empêcha pas une seconde guerre. On avance, pour celle-ci, le chiffre, non pas de 10 millions comme en 14/18, mais de 60 millions de morts. Et on est sans doute loin de la vérité. Jamais, on était allé aussi loin dans le domaine de la barbarie, du nationalisme, du racisme. Le racisme poussé jusqu'au génocide: 6 millions de juifs disparus dans les camps d'extermination et on estime le nombre Tziganes exterminés à au moins 220 000.
Il faut méditer cette citation de SCHOPENHAUER: « L'Histoire est pour un Peuple ce que la Conscience est pour un Homme. Un Peuple qui oublie son histoire est comme un Homme qui perd sa conscience ». La guerre de 14/18 avait appris tant de choses qui auraient dû rester gravées dans la mémoire collective. Il reste tant à faire pour construire ce monde pacifique, libre et fraternel auquel rêvaient les combattants de 14/18.
Les enjeux, aujourd’hui, sont énormes. Depuis 1945, on clame "Plus jamais de guerre en Europe". Certes, depuis 1945, en Europe, les armes se sont tues. Certes, les valeurs de l'Europe sont inestimables. Mais la guerre économique y fait rage et le climat y est à la désunion, à la rivalité. Cela revient à oublier que la construction européenne n'est pas uniquement basée sur la Marché Unique mais qu'elle doit s'appuyer sur un puissant modèle redistributif à l'échelle du continent. Sinon elle n'est qu'un slogan creux.
Il est question de l'avenir de l’humanité, des générations qui nous suivent. On doit y réfléchir en s' appuyant sur l’histoire. C’est le meilleur hommage que l'on pourrait rendre aux anciens combattants. Souvenons-nous de toutes les guerres, de tous les conflits. Ne laissons pas banaliser la violence, d’où qu’elle vienne et sachons mobiliser, rassembler nos énergies communes pour imposer le seul et unique choix qui devrait s'imposer : celui de l’homme, celui de la vie, celui de l’avenir.