" Morts pour la Patrie" en Belgique- " Morts pour la France " en France.
Chez nous, les victimes, d'abord de la guerre de 14-18, ensuite ceux de 40-45, sont repris sur les Monuments aux Morts sous le titre de "Morts pour la Patrie". Lors des cérémonies, lorsqu'on cite les noms, le public dit, soit après chaque nom " Mort pour la Patrie", soit on dit, à la fin de la liste "Tous morts pour la Patrie".

En France, on entend les mots " Morts pour la France ". Bien que on trouve dans certains textes ou dans certain discours aussi " mort pour la Patrie". Mais c'est plus rare.
On s'est déjà posé beaucoup de questions à ce sujet. Pourquoi donc ne dit-on pas " Morts pour la Belgique " au lieu de " Mort pour la Patrie " ?
Parce que c'est une spécificité française qui n'a pas son équivalent chez nous. L'attribution de la mention « mort pour la France » est une opération relative à l'état civil, qui a été instituée pendant la Première Guerre mondiale par la loi du 2 juillet 1915 et modifiée par la loi du 22 février 1922 ( articles L. 488 à L. 492 bis1 du Code des Pensions militaires d'invalidité et des victimes de la guerre.
De toutes les guerres de l’histoire de France,la guerre de 14-18 est le seul conflit à concerner autant de Français. Chaque famille a compté au moins un poilu lors de la Grande Guerre qui a mobilisé plus de 8 millions d’hommes. Un million trois cent mille d’entre eux ne rentreront pas chez eux.
La mention "Mort pour la France" est attribuée dès que la preuve est rapportée que le décès est imputable à un fait de guerre, que ce décès soit survenu pendant le conflit ou ultérieurement.
Lorsque la mention "Mort pour la France" a été refusée à l'époque du décès, il n'est pas procédé au réexamen du dossier, compte tenu de la destruction fréquente des documents administratifs ou médicaux justifiant ces décisions qui, en tout état de cause, sont entérinées depuis des décennies.
Les enfants mineurs des "Morts pour la France" ont vocation à être " adoptés par la Nation ". Ce sont les " pupilles de la Nation". Il y a aussi le droit pour les veuves de toucher une pension.
En 1917, Plus de 35.000 personnes détenaient encore le statut de pupille de la Nation en France. Orphelin de guerre, ou victime d'attentat, ces pupilles bénéficient d'une protection de la Nation à la fois symbolique et financière.

Cette mention confère aux victimes une reconnaissance et un statut individuel dont elles ne disposaient pas jusque-là (droit à la sépulture individuelle et perpétuelle dans un cimetière militaire aux frais de l'État par la loi du 29 décembre 1915, création d'associations de veuves et d'orphelins, pension de veuve de guerre).
Plus de 1 300 000 militaires décédés au cours de la Grande Guerre et ayant obtenu la mention " Mort pour la France " figurent sur une base de données. Celle-ci a été constituée par la numérisation et l'indexation des fiches élaborées au lendemain de la Première Guerre mondiale par l'administration des anciens combattants et aujourd'hui conservées par la direction de la mémoire, du patrimoine et des archives du Ministère de la Défense.
Le contenu de la base est constitué des fiches comportant les informations suivantes: nom; prénoms; dates de naissances et de décès; lieux de naissance et de décès; grade; corps; recrutement; matricules au corps et au recrutement; date et lieu de transcription de l'acte de décès ; circonstances du décès.
Enfin la mention offre aux descendants et ascendants la possibilité de bénéficier de mutuelles comprenant, en outre, des mesures fiscales avantageuses. Une seule condition : «La preuve doit être rapportée que la cause du décès est la conséquence directe d’un fait de guerre», rapporte la loi.
Notons aussi qu'en France, il y a un " Ministre des Anciens Combattants ".
Par la loi du 25 octobre 1919, « relative à la commémoration et à la glorification des morts pour la France au cours de la Grande guerre », l'Etat a lancé le projet d'un Livre d'or comprenant les noms de tous les héros jusqu'alors anonymes, qui serait déposé au Panthéon.
Le ministère des Pensions fut chargé d'établir, à partir du fichier existant, la liste des Morts pour la France de chaque commune.
Les Archives nationales conservent pour chaque commune française, la liste des soldats Morts pour la France, classée par ordre alphabétique des localités de chaque département.
En 1935, la présentation matérielle du futur Livre d'or est fixée: 120 volumes devaient être imprimés en plusieurs exemplaires, dont un serait déposé au Panthéon. Hélas, c'est resté lettre morte: les contraintes budgétaires, puis le début de la Seconde Guerre mondiale, mirent fin au projet, ne laissant subsister la documentation préparatoire.
Une mesure spéciale fut aussi prise relative aux écrivains, la durée de protection des œuvres des auteurs morts pour la patrie a été augmentée de 30 ans. Les premiers auteurs morts pour la France (ceux de l'année 1914) sont donc entrés dans le domaine public le 1er octobre 2009.