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awans-memoire-et-vigilance.over-blog.com

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Site relatif au devoir de mémoire. Concerne la FNC, la FNAPG et la CNPPA pour AWANS, BIERSET. Concerne les combattants, les résistants, les prisonniers, la guerre, l'armistice, la libération. Reportages sur les commémorations, les Monuments aux Morts, la Fête Nationale. Discours 11 novembre, 21 juillet et autres.


Marcel Sauvage: un antimilitariste, engagé volontaire et témoin après guerre.

Publié le 15 Septembre 2018, 19:14pm

MARCEL SAUVAGE.

Marcel SAUVAGE est né le 26 octobre 1895 à Paris et décédé le 4 juin 1988 à Peymeinade dans le département des Alpes Maritimes.

 

Il allait avoir dix-neuf ans à la déclaration de guerre. Celle-ci interrompit ses études de médecine à Paris. Il n'est pas mobilisé mais il devance l'appel. Comme il était étudiant en médecine, il sert comme brancardier à la Somme. Là, en récupérant les blessés, il fut grièvement blessé et gazé. Il subit une peine de prison de six mois à Chartres, puis il partit au front et fut décoré de la Croix de guerre. 

 

Un journal français loua son courage, le décrivant comme un « brancardier d'un dévouement absolu ». Les brancardiers firent d'ailleurs tous preuve d'un grand dévouement. On ne leur rendra jamais assez hommage. Contrairement à ce que certains pensèrent, cette fonction, qui les dispensait de faire le coup de feu avaient pour unique fonction d'aller sous les obus, les grenades et les gaz secourir ceux qui tombaient. Le rôle et la mission du brancardier en 14-18 était de secourir, soigner les blessés, les veiller, les réconforter et parfois aussi s’assurer qu’ils s'étaient confessés et avaient reçu les derniers sacrements.

Anarchiste individualiste et collaborateur en 1915-1917 des journaux Pendant la mêlée et Par-delà la mêlée.

 

Membre de l’Association des écrivains combattants (AEC), il collabora à l’ouvrage collectif La Grande guerre vécue, racontée, illustrée par les combattants, préfacé par le maréchal Foch. En 1922, cette collaboration lui valut des reproches. Finalement Sauvage démissionna de l’AEC.

 

En 1920 il fonde la revue Action en collaboration avec Florent Fels, grâce à leurs primes de démobilisation. La revue paraîtra jusqu'en 1922. Florent Fels était un journaliste qui participa aussi dans l'infanterie à la guerre de 14-18. Les autres collaborateurs en étaient Max Jacob, Jean Cocteau, André Salmon, Blaise Cendrars,, André Malraux (qui y publia ses premiers essais). La revue accueillit aussi des poèmes de Louis Aragon, André Breton, Francis Carco, ainsi que les premiers quatrains de Raymond Radiguet.

 

Il entre au journal l'Intransigeant en 1926.  Ce journal se veut, dans les années 1920 le plus grand quotidien du soir d'opinion de droite, avec un tirage de l'ordre de 400 000 exemplaires. Présence assez curieuse qunad on sait quelles opinions marcel SAUVAGE pratiquait après-guerre. Dans ses « Réflexions après coup », écrites en préface à son recueil d’écrits sur la guerre, Marcel Sauvage se fait l’écho d’un antimilitarisme de l’après, tel qu’on en vit beaucoup passé l’armistice.

 

En 1929, il publie Le Premier Homme qui j'ai tué. Le livre rappelle comment, à l'âge de vingt ans, un jeune soldat enfonce sa baïonnette dans le corps d'un soldat allemand et le regarde mourir. Comment oublier que, lorsqu'on avait vingt ans, on a dû tuer d'un coup de baïonnette un jeune soldat allemand ?

Voici un extrait de sa préface :

 

Je regrette, je n’ai pu éponger certaine partie de ma vie. Et j’ai dit non à l’oubli, parce que la vie est également faite de souvenirs et que, malgré tout, les plus tristes sont souvent les plus forts. C’est pourquoi j’ai réuni, dans ce livre, les contes, nouvelles et notes que j’ai écrits en 1914-1918 ou peu après.

Qui se souvient des soldats de 14-18?

Convient-il de se souvenir des combattants de la Marne, de Champagne, de Verdun… d’en appeler une fois encore à l’opinion, pour les derniers survivants qui disparaissent dans l’indifférence?

Peut-on oublier, sinon mépriser, même à longue échéance, la souffrance des hommes qui se sont battus pour une cause qu’ils croyaient juste?

Trop tard, pour juger les résultats d’une hécatombe?

J’ai vu s’éteindre tant de lumière humaine au fond des yeux des camarades moribonds, dans la gadoue des champs ou des tranchées! Leur mort, au bout de leur humble existence, avait toujours, qu’on le veuille ou non, l’aspect d’une défaite soumise aux révisions de la postérité.

Je suis, de foi, antimilitariste, parce que je pense et espère qu’un jour -au-delà des contingences fatales du moment- l’imbécilité humaine et sa férocité conjointe en d’impitoyables volontés de puissance, céderont la place à un véritable esprit de communion et de progrès humanisé, pour aboutir à une paix générale entre les tenants du phénomène humain.

Mais -ce n’est pas contradiction- par un rappel de mémoire, celui en particulier de ma jeunesse, je veux évoquer le souvenir des soldats -partis innocemment pour la der des der- soldats qu’il a été, qu’il est encore de bon ton, en France, de mépriser dans des milieux différents, alors que la folie militariste est promue à l’extrême, par ailleurs, sous des couverts idéologiques, d’autant plus effarants qu’ils sont en majeure partie périmés, dans un climat qu’on dit nouveau, en proie, hélas, aux mêmes appétits de violence que ceux des pires époques de l’Histoire. C’est à quoi je pense chaque fois que je regarde avec une émotion, qui ne va pas sans restriction, la statue banale d’un poilu de village planté sur des plaques de marbre où s’alignent des noms de morts pour la patrie. »

 Les poèmes de guerre de Sauvage furent écrits entre 1916 et 1920.

 

Supposons, tout à la fois,

Le sang devait perler

Des acajous

Et les murs et les tentures

Dans vos salons?

 

Supposons, dans la nuit, tout à la fois

Les lampes ont saigné,

Lumières comme des blessures? 
Ou vos tapis ont gonflé et

Explosé, comme des ventres de chevaux morts?

Supposons que les violons

Pris

Les larmes des hommes,

Le dernier refrain des hommes

Avec des crânes explosés dans chaque plaine du globe?

 

Supposons que vos diamants, vos diamants brillants,

Maintenant étaient seulement des yeux

Rempli de folie

Tout autour de vous, dans la nuit,

Tout à la fois?

 

Que dirais-tu de la vie

Pour un squelette, soudainement là,

Stock encore, sans os,

Sa seule marque

Une croix militaire?

            --Marcel Sauvage, 

 

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