RENFORTS MILITAIRES VENUS DE L'EMPIRE DES INDES.
ET
CONSEQUENCES SUR L'HISTOIRE DES RELATIONS ENTRE LA GRANDE-BRETAGNE ET L'INDE.
Lors de la Première Guerre mondiale, l'empire britannique mobilisa près de 1,5 millions hommes en Inde. Nonante mille d'entre eux furent tués ou trouvèrent la mort d'une façon ou l'autre. Dès le déclenchement des hostilités, le gouvernement impérial indien annonça qu'il pouvait fournir deux divisions et une brigade de cavalerie, plus une division supplémentaire en cas d'urgence. L'expression « Empire Britannique » désigna jusqu'en 1931 l'ensemble des territoires reconnaissant la souveraineté de la Couronne britannique. D'autres sources parlent de 1700000 hommes.
Les Britanniques recrutaient parmi les "races guerrières" ("warriors races"). Celles-ci venaient du nord de l'Inde. Aux côtés des Penjabis, on trouvait des Jats, des Dogras, des Gurkhas, des Rajputs, des Marathas et des Sikhs. Il n'y avait pas de Bengalis. On ne leur faisait pas confiance en raison de leur forte implication dans la révolte des cipayes de 1857.
Les combattants indiens furent déployés au Moyen-Orient ( Mésopotamie, futur Irak ), en Arabie, dans les Dardanelles et, cela nous concerne davantage, dans le nord de la France. La presse exalta la bravoure de ces soldats de l'Empire, combattant aux côtés des soldats britanniques d'abord, et de notre côté. Cela eut de grandes répercussions sur l'imaginaire collectif et sur le moral de troupes et de la population.
Ce que l'on ignore souvent, c'est le cas des soldats bengalis engagés dans les troupes françaises puisque repoussés par l'armée britannique. Voilà épisode méconnu de la première guerre mondiale. En 1914, pour les bengalis qui voulaient s'engager, il y avait une solution: pénétrer dans le comptoir français de CHANDERNAGOR. Vingt-huit Bengalis portèrent l'uniforme français. Ils furent artilleurs sur le front occidental pendant toute la durée de la guerre. Tous sont ensuite rentrés au Bengale. Plusieurs furent décorés.
Beaucoup ignorent aussi que des Canadiens d’origine sikh ont servi dans l’Armée canadienne au cours de la Première Guerre mondiale. Les dossiers militaires de la Grande Guerre recensent dix de ces hommes, qui se sont portés volontaires pour défendre un pays qui leur refusait la citoyenneté. C'était une façon d'obtenir sa citoyenneté. L'armée française a connu la même chose avec deux cas célèbres ( CENDRARS et APPOLINAIRE ). Parmi ces soldats sikhs canadiens, huit ont servi en Europe. Deux y sont morts au combat. Un autre, a été blessé et est décédé après son retour au Canada.
L'implication massive de la population indienne dans le conflit eut des répercussions sur l'Empire Britannique et, plus spécialement, sur l'histoire de l'Inde. C'est le début de la marche, chaotique, vers l'indépendance. La guerre conduit les leaders politiques indiens à demander plus d'autonomie.
En 1915, GANDHI adhère au Parti du Congrès. Les Britanniques instaurent la loi martiale au Pendjab et au Bengale.
En 1916, le pacte de LUCKNOW consacre le rapprochement entre la Ligue musulmane et le Parti du Congrès.
En 1917, au sein du Conseil Législatif Impérial, Madan Mohan Malaviya, parlant des attentes créées par la guerre en Inde, déclara: « Je m'aventure à dire que la guerre nous a fait avancer [...] de cinquante ans [...]. [Les] réformes après la guerre devront être à même [...] de satisfaire les aspirations de son peuple [de l'Inde] à prendre leur part légitime dans l'administration de leur propre pays »
En 1918, on propose, du côté britannique, un système de partage des responsabilités gouvernementales et administratives entre Britanniques et Indiens.
En 1919, une réforme (Government of India Act) étend la représentation communautaire dans les assemblées locales et crée une chambre princière consultative. GANDHI prend la tête d’une campagne de protestation contre la répression des activités « subversives ».