CIVISME, CITOYENNETE ET CIVILITE: NE PAS CONFONDRE!
Trois termes qui expriment des idées proches mais qui ne sont pas synonymes. Pourtant, dans les conversations courantes entre simples citoyens mais aussi dans les interventions de penseurs ( ou qui se veulent tels) et dans les écrits des journalistes, on remarque une utilisation indifférente de ces trois termes comme si on ne savait pas très bien maîtriser ce vocabulaire.

Il ne s’agit pas d’une simple maîtrise du vocabulaire mais d’une maîtrise de la pensée. Comme disait BOILEAU « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement... ». Certes, ils « tournent » tous les trois autour du même sujet, la place et l'action de l'individu dans la société, mais ne recouvrent pas la même surface. Utiliser l'un pour l'autre n'est pas seulement une faute de vocabulaire mais peut amener à réduire l'importance de certaines définitions, à banaliser des sujets qui méritent plus de gravité.
Le civisme désigne le respect du citoyen pour la collectivité publique dans laquelle il vit. Et donc notamment pour sa constitution, ses lois, son intégrité, son indépendance et ses engagements.
Ce terme s'applique dans le cadre d'un rapport aux institutions représentant la collectivité. Faire preuve de civisme, c'est respecter la « chose publique ».
C'est également affirmer sa conscience politique. Par conscience politique, il ne faut bien sûr pas comprendre l'obligation ou la nécessité de s'engager dans une action politique. La conscience politique suppose la connaissance des règles fondamentales organisant la collectivité, la connaissance de sa place dans cette collectivité, de ses droits et de ses devoirs et d'en comprendre la portée. Attention, il peut parfois s'agir d'un respect purement formel: se présenter au bureau de vote et s'abstenir d'émettre un vote, par exemple.
Quand on parle de civisme et que l'on se borne à la définition reprise plus haut, on a un citoyen qui peut être complètement inerte sur le plan social, ce qui, en fin de compte, n'est guère civique. On parlera, par exemple, d'actes de civisme: des actions accomplies sans aucune obligation mais qui expriment l'accomplissement d'un devoir moral: sauver quelqu'un de la noyade, aider les pompiers lors d'un incendie, venir au secours d'une personne sur le point de se suicider…

On le confond de plus en plus dans le langage courant avec la civilité. La civilité, c'est le savoir-vivre élevé au niveau de la société. Le savoir-vivre privé concerne l'ensemble des règles communément admises pour se comporter de façon courtoise en famille, en réunion, dans les réceptions...La civilité, c'est en quelque sorte la même chose mais porté au niveau des relations sociales. Le règles à respecter ne seront plus celles des rapports que l'on a en privé mais est ce seront des principes collectifs non codifiés mais, maintenant, souvent codifiés: ne pas faire de feu dans les jardins, ne pas incommoder les voisins le dimanche avec les tondeuses, ne pas déposer ses détritus dans les poubelles publiques…

La citoyenneté est un statut juridique. C'est, par une sorte de lapalissade, la reconnaissance de l'état ou de la qualité de citoyen à quelqu'un. C'est aussi la reconnaissance par l'Etat d'un individu comme membre d'une société civile, d'un Etat et, surtout, de participer à la vie politique de cet Etat.
La citoyenneté donne donc accès à l'ensemble des droits politiques reconnus à tous les autres citoyens tout en créant des devoirs. On peut dire que à chaque devoir correspond un droit. La citoyenneté permet de participer de façon active à la vie civique de l'Etat: participer aux élections, être candidat aux élections, se faire élire. En général, on peut dire que c'est ce droit électoral qui permet de distinguer clairement les citoyens des simples résidents. De même, l'accès à certaines fonctions publiques sont naturellement réservées aux citoyens: police, armée, être juré d'assises…
Ce qui compliquent sérieusement les choses, c'est la proportion élevée des résidents dans nos pays. Comment comprendre que, étant majoritaires à certains endroits, les résidents, souvent installés à vie, n'aient pas le droit de participer à certains actes de la vie publique ?

Un autre problème, est aussi celui des doubles nationalités, donc des doubles allégeances. Ce sont des problèmes, parfois épineux, à résoudre sans aucune frilosité.
Nous avons aussi, maintenant, à prendre en compte une citoyenneté européenne qui vient se superposer à chacune des citoyennetés nationales.
Ce doit de toute façon en être fini d'utiliser un terme pour l'autre: la citoyenneté est un statut, la civilité est un mode de comportement, de savoir-vivre dans la collectivité et le civisme, un comportement actif entraîné par la citoyenneté.