DISCOURS
PRONONCES CES DERNIERES ANNEES
A AWANS
A L'OCCASION DE L'ARMISTICE.

Proximus ayant supprimé son réseau social, nous avons ouvert ce nouveau blog.
Le 11 novembre approchant, nous avons décidé de reproduire quelques discours.
Ci-dessous, le discours prononcé en 2007, par le Bourgmestre d'AWANS ( André VRANCKEN )
Mesdames, messieurs,
Une nouvelle fois, nous voici réunis afin de commémorer l’armistice de la première guerre mondiale. A un moment où notre société vit des moments difficiles, le découragement guette nos existences.
Pourtant, en ce jour d’anniversaire et de commémoration, pensons à ces hommes partis de chez eux sans savoir s’ils reverraient un jour leurs familles, au courage et à la force de caractère de ces soldats « morts pour la Patrie ».
Leur quotidien, pendant plusieurs mois ou de trop longues années, c’était l’enfer sur terre, un énorme va-et-vient de balles et d’obus ou autres projectiles mortels entre deux tranchées.
De tout temps, les hommes ont préféré regarder et juger, plutôt qu’écouter leurs sentiments et construire une véritable relation de paix et d’amour avec leurs semblables.
N’oublions pas qu’en 1933, pour citer un exemple parmi tant d’autres, un homme abominable a été élu au suffrage universel avec des millions de voix ! Il est parvenu à monter son peuple contre une race qu’il considérait comme inférieure à la sienne !
De telles situations existent encore de nos jours. Des guerres sont encore menées sur base de critères raciaux. Comme quoi, l’histoire n’est qu’un éternel recommencement.
Nous remarquons aussi que de nombreuses personnes se réfugient auprès de partis extrémistes à cause de la décadence de la société dans laquelle elles vivent. La société serait-elle devenue dangereuse pour la société ?
Une attitude doit guider notre vie : nous devons, chacun, nous sentir responsable de notre société et de notre avenir de manière à prévenir et à enrayer de telles atrocités.
Nous devons, aussi, tous, redoubler de vigilance par rapport aux pseudo-solutions proposées par certains politiciens aux idées radicales.
Commémorer le 11 novembre, c’est accomplir notre devoir de mémoire à l’égard de ceux qui nous ont légué les valeurs de courage pour la défense de la nation et de la démocratie mais également du pacifisme.
C’est aussi espérer, à travers leurs engagements, dans un avenir que l’on veut toujours meilleur et solidaire.
Le 11 novembre est le symbole d’une victoire : victoire de la démocratie mais aussi victoire de la paix sur une désastreuse guerre civile, entraînant une grande partie du monde dans son malheur.
Le devoir des élus consiste à toujours se servir des symboles pour marteler les causes de cette horreur absolue que représente la guerre.
Elles sont à nos yeux au nombre de trois : le nationalisme, la capacité économique, le fanatisme.
Notre réponse, en cette journée du souvenir, c’est le maintien de notre pays, la solidarité et le raffermissement du tissu social, la liberté d’expression, l’éducation, le progrès.
Au nom de l’Administration communale, et en tant que Bourgmestre, permettez-moi de vous remercier pour votre présence fidèle en cette journée du souvenir.
Je vous remercie pour votre bonne attention.
Le Bourgmestre,
André Vrancken
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Ensuite, le discours prononcé en 2008
par Pierre BEAUJEAN
Secrétaire de la FNC "AWANS-BIERSET"
DISCOURS DU 11 NOVEMBRE 2008.
Voilà 90 ans jour pour jour et, quasiment, heure pour heure que les armes se sont tues sur le front. La guerre avait éclaté, quatre ans plus tôt, en août 1914, dans une Europe prospère qui dominait le monde non seulement par les armes mais surtout par la science, l'industrie et les arts. Plus meurtrière qu'aucun autre conflit antérieur, elle précipita toutes les nations européennes dans la tourmente.
Cette Guerre que l'on qualifia, hélas, de Grande, laissa une EUROPE meurtrie: plus de 9 millions de morts, plus de 6 millions de civils tués, des blessés par millions, des régions entières ravagées. A ce bilan, s'ajouta celui de la grippe espagnole qui fit 21 millions de morts dans le monde. On peut, sans aucun doute, affirmer qu'il s'agit d'une séquelle de la guerre. Sans l'affaiblissement général de la population, sans les conditions d'hygiène épouvantables ayant régné sur le front, sans le brassage de millions de soldats en provenance des cinq continents, jamais cette épidémie n'aurait fait de tels dégâts.
Aujourd'hui, les derniers survivants ont disparu. Pourtant cette guerre continue d'alimenter les débats entre philosophes, écrivains et historiens. Et cela, depuis 90 ans.
Deux courants de pensée s'opposent. Pour certains, le patriotisme, le culte de l'histoire nationale, le culte des héros nationaux, la volonté de défendre le sol national étaient si forts que les combattants ont accepté l'idée de la guerre et l'ont faite de leur plein gré. Pour d'autres, par contre, tous les combattants, de quelque camp qu'ils soient, étaient des malheureux contraints de faire la guerre, jetés dans l'enfer de celle-ci contre leur gré, écrasés par l'appareil d'état.
Au fond, qu'importe ! Parmi les millions de combattants, il y avait sûrement des tenants des deux tendances. Ce qui importe, c'est que, tous, ont vécu les mêmes tourments, le même enfer.
Très vite, on s'est rendu compte que la guerre ne serait pas courte, qu'elle ne serait pas fraîche et joyeuse.
Très vite, les soldats durent se faire à l'idée de la mort: dès les premières heures du conflit, les premiers morts tombèrent.
Il fallut aussi, vite, se résoudre à l'idée de la mort en masse. Et cela aussi, dès les premiers jours. Nous avons chez nous l'exemple du Fort de LONCIN... et c'était bien peu au regard de ce qui allait attendre les soldats dans les tranchées.
Il apparut aussi vite que cette notion de mort en masse était couplée à la notion de mort déshumanisée: les milliers de corps désarticulés, broyés à qui il était impossible de donner un nom, les milliers de compagnons morts au cours d'une bataille et qu'une retraite abandonnait sur place dans la boue.
Cela constituait une véritable hantise pour les soldats comme en témoigne une lettre écrite, en 1915, par un jeune soldat français:
« Je songe aux morts que nous avons laissés la-bas, à demi ensevelis. Le même sort m'est-il réservé ? La mort est acceptée, certes, mais cette boue, cet abandon, cet anonymat ? Toute ma personne se révolte devant cet inconnu du sacrifice par delà l'inconnu de la mort. »
On aurait pu croire que ces tourments allaient servir de leçon. Hélas, vingt ans plus tard, éclatait un nouveau conflit au cours duquel toutes les horreurs vécues au cours de la première guerre n'apparaissent que comme une pâle répétition générale. Toutes les règles généralement admises dans un conflit furent bafouées, le travail forcé s'exerça à grande échelle. L'occupation des pays conquis ne fut pas seulement militaire comme en 14/18 mais fut politique avec l'instauration d'un régime fasciste et le pouvoir laissé aux mains de traîtres. Un autre trait fut le caractère raciste avec la chasse aux juifs et aux tziganes et les camps d'extermination.
C'est pourquoi le rappel des événements des deux guerres et notamment des exactions nazies est important. Mais le simple rappel ne peut suffire: il faut développer et entretenir la vigilance des citoyens afin de déceler tous les signes annonciateurs de dérives, de les dénoncer et d'y mettre fin.
Le discours prononcé à AWANS, en 2009
au nom de la FNC "AWANS-BIERSET"
FNC "AWANS-BIERSET": DISCOURS DE L'ARMISTICE ( Pierre BEAUJEAN )
COMMEMORATION DE L'ARMISTICE 2009: DISCOURS.
Voici la lettre d'un jeune soldat français à son épouse, datée du 11 novembre 1918, à 11 heures du matin:
« Ma chère bien-aimée pour la vie, tout est fini. La paix est signée - on ne tue plus – le clairon sonne le cessez-le -feu. Je suis à OMONT dans les Ardennes; je pars à l'instant pour la frontière. T'en fais plus: je suis maintenant hors de danger. Ne peux écrire plus longuement aujourd'hui.
Meilleure caresse à vous tous. A toi, bon baiser et à bientôt. » ( Marius )
C'était il y a 91 ans, à quelques jours près, ce moment tellement attendu, des deux côtés du front, où fut signée l'armistice de la Première Guerre Mondiale.
Seulement, voilà, d'août 1914 à novembre 1918, en 52 mois de conflit: 9400000 personnes sont mortes, tuées, soit 6000 par jour dans cette guerre que les historiens ont qualifiée de « totale ».
« Totale » car 14/18 a été la première guerre à impliquer autant de nations sur une partie importante du monde. Le monde verra pire en 40/45!
« Totale » aussi parce qu'on n'avait jamais atteint une telle aberration dans l'acharnement guerrier. Pour la première fois s'estompera la distinction entre civil et militaire. Il ne fallait pas seulement vaincre une armée, il fallait aussi terroriser les civils et les mettre au pas. Vingt ans plus tard, on passera à l'élimination physique.
« Totale » aussi parce pour la première fois apparaît la notion de guerre industrielle, de guerre scientifique, de guerre technologique. Mais que, aussi, simultanément, subsistaient les moyens et les méthodes du passé: pendant quatre ans, deux camps se sont opposés dans des tranchées boueuses, à quelques dizaines de mètres de distance. Les soldats y ont vécu l'enfer: combats au corps-à-corps, gazages, tirs d'artillerie, attaques au lance-flamme avec la fumée des bombardements qui recouvre tout.
La guerre s'est déroulée dans les terres agricoles les plus riches de France et de Belgique. Les campagnes opulentes ont été transformées en un désert de boue, avec une végétation saccagée.
Notre « Marius » dont j'ai lu la lettre tantôt était un homme heureux. Pour lui la guerre était finie... et il était toujours en vie et entier. Mais combien de ses compagnons ne sont pas rentrés chez eux portant des traces indélébiles: bras ou jambes arrachés, « gueules cassées », poumons brûlés, yeux aveuglés...Oubliez les films sur le sujet: ceux-ci sont des contes d'enfants à côté de la réalité.
Mais tous sont rentrés avec des meurtrissures morales. Pour comprendre ces meurtrissures, je vous livre un extrait du livre « La Plaine Etrange » de Robert VIVIER, grand écrivain liégeois et figure éminente de l'Université de Liège, engagé volontaire en 1914 et résistant durant la guerre 40/45:
« Ce qu'il faut que je dise aussi, parce que cela a crié et saigné en moi, c'est que sur le fantassin a pesé le plus lourdement le dilemme proposé par la guerre à la conscience de l'homme! Tuer, ou faillir à son devoir...Il fut le seul qui dut regarder ses mains rouges. »
VIVIER ne fut pas le seul écrivain marqué par la guerre. D'autres ont apporté leur témoignage vécu, pathétique, impérissable: DORGELES, BARBUSSE, GENEVOIX, GUEHENNO, DUHAMEL...Comme la guerre de 40/45 nous donnera des témoignages d'écrivains sur la résistance, l'occupation et les camps
Cette guerre a été suivie de la Seconde Guerre Mondiale, puis par de multiples conflits hélas trop longs à énumérer. Maintenant la guerre a changé de forme: les Etats doivent lutter contre un ennemi invisible: le terrorisme.
Aujourd'hui, la Première Guerre Mondiale peut sembler bien éloignée, si bien que certains s'interrogent sur la nécessité de cette célébration. Nous devons plus que jamais réaffirmer la nécessité du souvenir, la nécessité de préserver le devoir de mémoire.
La mémoire doit être une mémoire agissante. S'il y a bien une leçon à retenir, c'est celle de la paix et de la fraternité. Cette mémoire doit nous guider dans nos choix civiques. Elle doit nous prémunir des tentations qui hantent notre époque: l'extrêmisme, l'indifférence, l'égocentrisme, l'intolérance, la défiance, la recherche forcenée de l'avantage individuel. Ce sont là les plaies d'aujourd'hui et les ferments des haines de demain.
Le discours prononcé la même année par le Bourgmestre d'AWANS, André VRANCKEN
Chers amis, Chers citoyens,
Il y a précisément 91 ans, le bruit assourdissant des canons s'arrêtait enfin. Après plusieurs années de conflit, la paix pouvait enfin reprendre ses droits. Un tournant de l'histoire qu'il est impossible d'oublier.
D'ailleurs, votre présence ce matin autour du Monument aux Morts de notre commune atteste de l'importance de ce monument et de l'intérêt que nous portons tous à cette cérémonie du souvenir.
La Première guerre mondiale fut atroce et ses conséquences dramatiques. Malgré la raréfaction des témoins et des acteurs de ce conflit, son souvenir reste indélébile. Une période noire qui a néanmoins permis au sentiment patriotique de s'enraciner. Partout dans le Royaume, mais aussi dans l'Europe entière, les pensées de chacun seront tournées vers les victimes de cette guerre. Un conflit qui a néanmoins constitué l'un des terreaux les plus puissants ayant fondé notre nation. Un sentiment patriotique ayant pris naissance dans les profondeurs de la douleur puis dans la gloire de la victoire.
Mais n'oublions pas que cette guerre a surtout entraîné une multitude de souffrances individuelles. Rappelons-nous ces hommes généreux et pleins de courage qui vécurent l'enfer des tranchées, dans la boue, sous les bombes et la mitraille de l'ennemi. Mais n'oublions pas les femmes. Près de la ligne de front, elles soignaient les blessés et les mutilés. Les réconfortaient aussi dans des hôpitaux de fortune et ce, dans les pires conditions imaginables. Ce sont aussi les femmes qui se sont emparées des usines, quittant les champs ou les cultivant héroïquement pour notre pays;
Impossible ici de dresser la liste de tous les malheurs causés par cette effroyable guerre et ses combats acharnés. Toutes les familles de notre Royaume furent touchées. Toute l'Europe versa son quota de sang et de larmes.
Pourtant, vingt ans plus tard, tout recommençait. Loin de tirer les enseignements du passé, l'Europe recommençait à s'entredéchirer et s'entretuer pendant cinq longues années, le conflit gangrénant même encore une fois la planète entière.
Face à ce monument dressé à la mémoire de tous les Morts de toutes les guerres disputées pour la liberté de la Belgique, inclinons-nous avec émotion. Faisons preuve du plus grand respect pour celles et ceux qui ont donné leur vie pour un monde meilleur, qui ont lutté contre l'ennemi pour nous permettre de vivre en hommes libres. Non la nation ne les oublie pas.
Je remercie tous nos amis présents aujourd'hui pour cette cérémonie du souvenir, en particulier les Anciens Combattants qui, chaque année, nous accompagnent et auxquels nous rendons le plus vibrant des hommages.
Je vous remercie pour votre attention
( André VRANCKEN )
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Nous continuerons cette rétrospective
les jours prochains.