Les « Hussards à tête de mort »,
Le KAIZER
et
Le KRONPRINZ.
A côtés des Uhlans existait une autre formation dotée d'une aussi mauvaise renommée: les Hussards, dits « Hussards à tête de mort » ou plus populairement « Hussards de la mort ».
A l'origine, les hussards n’étaient encore que des bandes armées sans discipline, sans vergogne et sans peur, des maraudeurs effrayants. Ils sont issus de la tradition hongroise. D'ailleurs, le Colback, élément le plus saisissant de l’uniforme, vient en droite ligne de cette tradition. Les 1er, 2ème et 17ème Régiments de Hussards, devenus des unités d’élite de l’Armée allemande, ont conservé cette double tradition: la mission de terroriser l’adversaire...et le port du colback. Ils étaient pourvus d'un uniforme très extravagant. Ce qui frappait surtout et inquiétait, c'était le colback garni d'une tête de mort ricanant sertie de fourrure. Cet impressionnant couvre-chef arborant l’insigne aux tibias croisés s'appelle « colback ». Très vite, ceux qui le portaient furent surnommés les « Hussards de la Mort ».
Lorsque la Grande Guerre éclate, le 1er Régiment de Hussards est l’unité chérie de l’empereur Guillaume II. Il décora ce régiment à diverses reprises.
L’allure de ses troupes, dont il assurait personnellement le commandement, se devait d’être à l’image de l’empire. Pour confectionner les uniformes de cette unité, on recourait aux matières les plus nobles, dont la peau de loutre ou d’opossum importée à grands frais pour réaliser ces colbacks. En 1914, les Hussards de la Mort portaient donc fièrement cette coiffure anachronique et clinquante à un moment où on inventait l’art du camouflage…C'était, alors qu'on venait d'inventer la guerre industrielle, un reliquat du passé.
On doit rappeler que le Kaizer était obsédé par l'uniforme. On rapporte qu'il changeait fréquemment d'uniforme selon les circonstances. Quand il naviguait, il portait l'uniforme d'amiral. Il portait l'uniforme qui convenait le mieux à ses activités. On dit même que lorsqu'il partait en pique-nique, il revêtait l'uniforme de garde-champêtre ou de garde-chasse !
C'est ici qu'intervient le Kronprinz. Lors de la Première Guerre mondiale, il fut nommé commandant des « Hussards de la Mort ». Généralement considéré comme un « M'as-tu vu ? » et un être frivole, grand amateur de danseuses, le Kronprinz assura néanmoins le commandement de ses troupes près de VERDUN et tint son Quartier Général pendant le conflit à CHARLEVILLE. Bien sûr, ce n'était pas en première ligne mais il était quand même proche du front. « KRONPRINZ » était le titre porté par l'héritier du trône du Kaizer. Comme « DAUPHIN » fut, en son temps, en FRANCE, le titre de l'héritier du Roi. Frédéric Guillaume Victor Auguste Ernest de Hohenzollern (Wilhelm von Hohenzollern) fut le dernier Kronprinz. Il est né le 6 mai 1882 et mort le 20 juillet 1951, en Allemagne, à HECHINGEN.
Il eut donc quand même une attitude assez différente du Kaizer, son père, cantonné à SPA où il fut surnommé par les vieux spadois « Guillaume le cantonnier ». Le Kaizer se faisait photographier dans des pseudo-tranchées qu’il passait son temps à creuser lui-même dans les environs du château !
«On a raconté aussi sa manie de préparer des pseudo-tranchées pour s’y faire photographier en train de combattre les Français, blancs et de couleur, comme disaient les communiqués fameux de Ludendorff. Un jour, Guillaume fit porter une grande quantité de sacs remplis de sable sur les Fagnes, où une tranchée profonde avait été aménagée. La photographie que les journaux firent paraître portait comme titre: l’Empereur dans les plaines de la Champagne. On dit aussi qu’il s’y fit cinématographier». (Extrait de : Notre Pays du 4/7/1920)
Après la défaite et l'abdication du Kaizer, le Kronprinz renonça à ses droits au trône. Il fut d'abord exilé sur l'île de Wieringen aux PAYS-BAS. Il put revenir en Allemagne en 1923. Il revêt de nouveau l'uniforme des « hussards à tête de mort ».
Il soutint Hitler lors de sa prise de pouvoir et les nazis se servirent du Kronprinz comme caution morale. Dans les années 30 , il fréquenta assidûment les nazis. Ceux-ci s'en servirent ( mais fallut-il le presser beaucoup ? ) pour assurer la jonction des corps-francs allemands et des anciens combattants de la Grande Guerre avec le parti Nazi. Dans l'imaginaire allemand d'après guerre, on avait cultivé l'image d'une armée en réalité invaincue mais trahie par les politiciens, les syndicalistes...Le Kronprinz avait conservé une assez bonne image étant donné qu'il avait été relativement proche de l'armée pendant le conflit et qu'il avait dirigé une troupe d'élite.
Sur les images d'archives datant des années 1930, on peut le voir, paradant aux côtés d'AdolfHITLER et des dirigeants nazis, portant au bras le brassard à croix gammée. En 1933, après l'investiture d'Adolf HITLER comme chancelier, le Kronprinz fut manipulé par les nazis qui l'utilisèrent afin de lever les dernières hésitations des Allemands qui se méfiaient encore de la politique prônée par Adolf HITLER.
Sur une photo, on peut le voir assis à côté de son frère August-Wilhelm, devenu général dans la SA. Malgré cette proximité avec la SA, les membres de la famille Hohenzollern résidant en Allemagne ne furent pas inquiétés lors de la "Nuit des longs couteaux" ( 29 et 30/06/1934 ) qui vit l'élimination des SA. Ils restèrent discrets comme on leur avait demandé.
A noter aussi, une résurgence de la tête de mort sur le képi des SS. SS considérés, à l'instar des hussards « à tête de mort » pendant le 2° Reich comme l'unité d'élite du 3° Reich.
Les Nazis, avec l'aide du Kronprinz, ont réussi à transformer, sans grand effort, les Hussards "à tête de mort" en précurseurs des SS. Comme eux, leur but était d'abord de terroriser la population et les ennemis , ennemis de l'intérieur d'abord, des pays conquis ensuite !