La résistance derrière l'YSER, symbole de l'héroïsme des soldats belges.
La bataille de l'YSER est l'un des symboles de la résistance héroïque de l'armée belge contre l'envahisseur allemand durant la Première guerre mondiale. Sous le nom de « Bataille de l'YSER », on regroupe l'ensemble des combats qui du 17 au 31 octobre 1914 ont opposé les troupes allemandes aux troupes belges et françaises qui tentaient de les arrêter.
Début octobre, l'armée belge doit quitter in extremis la place fortifiée d'ANVERS. Elle se retire derrière l'YSER, aidée par les Marines britanniques et l'armée française. Après la retraite à travers les Flandres, les Belges, réduits à 70.000 hommes, vinrent s'aligner sur une position qui longeait en pratique l'YSER, avec une tête de pont à DIXMUDE et une à NIEUPORT. Pour les Belges, il n'est pas question de participer aux offensives. L'idée est de tenir le plus longtemps possible sur ce front de l'Yser. L'armée s'étirait jusqu'à BOESINGHE où elle se rattachait aux Français.
Suite l'occupation de l'entièreté de la Belgique par les Allemands se posait une question constitutionnelle. Certains dont le Roi ALBERT estimaient que pour conserver une légitimité, il fallait à tout prix qu'au moins une partie du territoire ne soit pas occupé. Même s'il ne s'agissait que d'une toute petite partie. Au moins une partie de la BELGIQUE restait libre !
Malgré des combats d’une extrême violence, les Allemands ne parviennent pas à percer. Le 31, les Belges ont le dessus, et, c'est l'échec pour leur adversaire. Ailleurs, d’ âpres combats opposeront les Allemands aux Anglais et aux Français. La situation est très claire: l’armée belge a perdu la quasi totalité de ses forces à LIEGE et à ANVERS. Elle s’est échappée d’ANVERS par miracle. Quand elle arrive à NIEUPORT, il ne reste que l’option du retranchement. Mais il est impossible de se retrancher sans inonder les terres.
Le complexe d’écluses de NIEUPORT est mieux connu sous le nom de « De Ganzepoot » ( « La Patte d’oie), qui fait référence à sa forme globale.Ce site a joué un rôle crucial lors de la Première Guerre mondiale. La nuit du 29 au 30 octobre 1914, les Belges ont ouvert les écluses de NIEUPORT. L’inondation à elle seule est fort dérangeante, mais elle n’est pas infranchissable. Ce n’est donc pas un gage de tranquillité; elle n’est pas très large (3 km environ) et pas très profonde ( +/-1 m, pas plus ) .
Pour inonder la zone, les Belges ont utilisé les écluses en inversant leur fonctionnement normal. Karel COGGE fut un des acteurs principaux de l'inondation de la plaine de l'YSER. En faisant pénétrer une énorme quantité d'eau dans l'arrière-pays, sa tactique obligea les Allemands à se retirer sur la rive droite de l'YSER. Avec le batelier H. GEERAERTS, COGGE opposa à l'envahisseur le barrage d'eau des inondations et contribua à sauver le dernier lambeau du territoire national et aussi à barrer la route de CALAIS. Grâce aux indications de l’un et la connaissance du système hydraulique de l’autre, les écluses et vannes sont ouvertes à la marée montantes pour laisser l’eau envahir les polders et fermées à la marée descendante pour empêcher son évacuation.
L’ouverture de ces écluses eut pour résultat, par ailleurs recherché, l'inondation de la plaine de l'YSER et la stabilisation du front fin octobre-début novembre 1914. Fin octobre 14, un mur d’eau stoppait la troupe allemande sur les terres de FLANDRE. Grâce à l’appui des écluses de DUNKERKE, la plaine de l’YSER est restée sous eau pendant toute la guerre.
Les Belges et le Roi Albert peuvent ainsi s'honorer d'avoir remporté la bataille de l'YSER et conservé hors de portée de l'ennemi un bout de leur pays, une quarantaine de villages sur cinquante kilomètres carrés de dunes et de prairies.
Le 1er novembre, les Allemands prendront la décision de se retirer face à l’étendue des dégâts engendrés par les inondations volontaires, qui couvraient alors plus de 6 kilomètres carrés. Après l’inondation de la plaine de l’Yser et la stabilisation du front, les Allemands gardent une implantation sur la rive gauche de l’Yser en occupant les citernes à pétrole situées en aval.
La victoire belge aura un coût sévère. Plusieurs milliers d’hommes. Ses effectifs seront ainsi réduits à seulement quelques 50.000 hommes…
La première ligne de défense de l'armée belge s'installe dans le talus de l'ancienne ligne de chemin de fer reliant DIXMUDE à NIEUPORT. Cette ligne est maintenant désaffectée. Le long de celle-ci on peut encore découvrir de nombreux vestiges (abris, bunkers, postes de mitrailleuses). Cette ligne de chemin de fer a joué un rôle important: son remblai limitait, au Sud, l’inondation de la plaine de l’Yser. C’est autour de cette zone stratégique que l’armée belge à établi sa défense face aux attaques ennemie. Les Belges, en position derrière les tranchées reliant la ligne de chemin de fer, tentent de réoccuper les tanks à pétrole pour sécuriser leurs positions. Ils creusent à partir de mai 1915 une tranchée dans la digue de la rive gauche de l’Yser, les Allemands ne tardant pas à faire de même dans l’autre direction. Les travaux de construction et de réparation des dégâts causés par les combats s’effectuent de nuit.
Des combats meurtriers opposent les postes avancés des deux camps, seulement distants d’une cinquantaine de mètres l’un de l'autre. Les soldats belges des différentes unités qui se sont succédées dans ce lieu le plus dangereux du front baptiseront cette position « Boyau de la Mort ». C'est un lieu hautement symbolique. Cette position était particulièrement exposée: elle faisait face à la tête de pont allemande sur la rive gauche de l’Yser.
Au bout du « Boyau de la mort », on trouve aujourd’hui une « borne VAUTHIER ». Ces bornes de démarcation ( 22 en BELGIQUE ) ont été érigées suite à une souscription publique initiée par le Touring Club de Belgique, en 1921. Elles font partie d’un ensemble plus large de 118 bornes réparties en France et en Belgique pour matérialiser la ligne de front telle qu’elle se trouvait le 18 juillet 1918 (date de la première offensive qui a marqué le début du retrait des troupes allemandes). Ce projet a été conçu par Paul MOREAU-VAUTHIER, un ancien combattant de 14-18, qui était aussi un sculpteur.
Pour les soldats belge, le premier hiver aux tranchées fut l’une des phases les plus pénibles du conflit. Croyant que la guerre ne durerait que quelques mois, rien n’était prévu pour lutter contre le froid et les conditions de vie misérables dans cet endroit particulièrement insalubre. Une vaccination générale prévint de justesse une épidémie de typhus. Les Allemands, confrontés aux mêmes difficultés, interrompirent momentanément leurs offensives. L'armée belge profita du sursis accordé pour se réorganiser et se reposer.
Les premiers mois de l’année 1915 furent propices à cette réorganisation. L’armée se renforce de 34.000 nouvelles recrues, formées dans les camps de Normandie. C'étaient essentiellement des volontaires provenant du territoire non-occupé ou de l’étranger. Au total, plus de 60.000 hommes seront appelés sous les drapeaux durant toute la durée du conflit. A ceux-ci s’ajoutent les volontaires de guerre qui ne cessent d’affluer de Belgique occupée ou de l’étranger pour rejoindre la troupe.
Autre effet de cette réorganisation, l’uniforme bleu, trop voyant, est remplacé par un uniforme kaki, beaucoup plus adapté à l’univers des tranchées.
En 1916, les soldats reçurent en plus un casque et abandonnent le képi qui n’apportait aucune protection aux fantassins terrés dans les tranchées. Il s'agissait du casque français légérement adapté. Par ailleurs, on installa quatre hôpitaux de campagne à 10 ou 15 km du front.
Le plus connu est l’hôpital de la Croix-Rouge organisé par le docteur DEPAGE à l’hôtel “ OCEAN ” de LA PANNE. C’est en fréquentant périodiquement cet hôpital que la reine ELISABETH gagnera son surnom de « Reine-Infirmière ». La propagande a longtemps prétendu qu'elle le fréquentait quotidiennement. Grande mélomane, la Reine appuya également la création de l’Orchestre symphonique de l’Armée de campagne en 1917.
Enfin, le bien-être spirituel des soldats finit par préoccuper l’état-major. Quasi inopérante en 1914, l’aumônerie militaire belge s’organisa véritablement durant le conflit et participa à l’encadrement des troupes au combat.
En ce qui concerne les Anciens combattants d'AWANS, on peut dire que toutes les victimes à partir de mi octobre 1914 sont des victimes, directes ou indirectes, de l'YSER.
Ainsi GILLES Joseph décédé à RENINGHE le 01/07/1916, MASSET Achille décédé à CALAIS le 08/06/1918, SCHEUFELE Armand décédé à DIXMUDE le 26/10/1914, DETHIER Joseph décédé à DIXMUDE le 28/10/1914 et, sans doute aussi, LEJEUNE Renier décédé à CHAMPAGNE ( prononcer Champagné ) le 26/10/1918.
Après la fin de la guerre, on ne compte plus le nombre de communes qui ont donné à une de leurs rues le nom de " Rue de l'YSER ".