Les Bleuets de FRANCE
Dans le jargon militaire, les « Bleuets » étaient les soldats de la Classe 17, nés en 1897. Fraîchement arrivés sur le champ de bataille du Chemin des Dames, ces jeunes recrues furent surnommés ainsi par les Poilus plus anciens car ils portaient le nouvel uniforme bleu horizon, là où les vétérans arboraient encore, au début de la guerre, le désastreux pantalon rouge garance.
Cette appellation peut par ailleurs faire penser au terme familier de « bleu », désignant une personne inexpérimentée.
Cette appellation perdura pendant toute la guerre parce que l’uniforme neuf aux couleurs encore fraîches qui équipait le nouvel arrivant contrastait avec les tenues défraîchies et sales des vétérans.

Ils sont partis, mais d'une fière allure,
Un gai sourire éclairant leur départ.
Ils ont coupé leur blonde chevelure,
Offert leur corps pour en faire un rempart.
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On leur a dit :
Partez, Bleuets de France,
De vos aînés recueillez les lauriers.
Ils sont partis le coeur plein d'espérance.
Ils sont partis comme de vrais guerriers.
Comme en les blés quand passe la faucille,
Plus d'un bleuet tombe avec la moisson,
Plus d'un tomba, le doux regard qui brille
S'éteint bientôt dans un dernier frisson.
On les avait nommés Bleuets de France,
Ces grands enfants, frêles comme des fleurs,
Leur sang versé d'une pure innocence,
De leur drapeau voilà les trois couleurs.
Si tu reviens, bleuet, pour la victoire,
À tes côtés je veux marcher aussi
Je goûterai cette part de ta gloire
Et n'aurai plus ni crainte ni souci.
Pour te fêter, enfant, oui, je veux vivre,
Ma voix brisée aura d'autres accents
Et dans l'espoir de ce jour qui m'enivre,
En moi renaît ma gaieté de vingt ans !
IL existe une autre chanson portant le même titre, d'Alphonse Bourgoin:
« Les voici les p’tits « Bleuets »
Les Bleuets couleur des cieux
Ils vont jolis, gais et coquets,
Car ils n’ont pas froid aux yeux.
En avant partez joyeux ;
Partez, amis, au revoir !
Salut à vous, les petits « bleus »,
Petits « bleuets », vous notre espoir ! »
Comme on peut le lire, les deux chansons ne soutiennent pas la même idée. La première est relativement mélancolique: "...ils ont offert leur corps pour en faire un rempart ", "Comme en les blés quand passe la faucille,
Plus d'un bleuet tombe avec la moisson", "Ces grands enfants, frêles comme des fleurs"," Pour te fêter, enfant, oui, je veux vivre, Ma voix brisée aura d'autres accents"...
Existe encore une troisième chanson sir le même thème, de Prosper MORTOU. Chanson plus martiale dans laquelle le "Petit bleu" donne son sang vermeil...":
1. Ô Petit Bleu, sur le champ de bataille,
Fier et hardi, tu remplis ton devoir,
Et de chasser de chez nous la canaille
Nous en avons tous le fervent espoir.
Et chaque fois que la poudre fait trêve
Et qu'il peut prendre un instant de repos,
Le Petit Bleu s'endort dans un beau rêve :
Il voit flotter, glorieux, nos drapeaux.
Petit Bleu, rêve à la victoire,
Ton bras est fort et courageux,
Couvre-toi d'honneur et de gloire,
Souviens-toi, souviens-toi de tes grands aïeux.
2. Il a rêvé la France glorieuse
Distribuant largement ses bienfaits
En repoussant la "Kulture" odieuse
De l'Allemand passé maître en forfaits
Oui, dans son coeur devenu pacifique,
S'est réveillé le vieux sang des Gaulois !
Il a bondi devant l'aplomb cynique
De ce kaiser voulant dicter ses lois.
3. Il a rêvé de rendre à la Patrie
Le beau pays que l'on avait volé
Et que la France, en son âme meurtrie,
Depuis ce jour a sans cesse pleuré !
Pour conquérir l'Alsace et la Lorraine
Le Petit Bleu donne son sang vermeil,
Et dans le monde ou, France, tu fus reine,
Tu reprendras ta place au grand soleil.

