En marge du 8mars, l'engagement des femmes dans la Résistance.

La participation des femmes à la Résistance a été minorée sinon parfois occultée par les historien. Elle est aussi souvent disparue de la mémoire collective à l’exception de quelques véritables héroïnes.

La part prise proportionnellement par les femmes dans la Résistance ainsi que la signification de cet engagement et de sa portée ont pourtant suscité de nombreuses réflexions

Combien furent-elles à s’y engager ? C’est aussi difficile à déterminer que l’importance de la Résistance elle-même. A partir de quoi peut-on chiffrer l’importance numérique de la Résistance. Il y eut tant de genres de Résistance. A côté des résistants réellement actifs, les maquisards, il y eut tant d’autres formes.

Il faut sans conteste aussi tous ceux et toutes celles qui ont supporté la Résistance par leur silence.

Utilisés spécifiquement par le PCB pour pénétrer au sein des entreprises, les Comités de Lutte syndicale (CLS), dont les organes sont légion dans le Hainaut, évoquent rarement les femmes, peu nombreuses il est vrai à travailler comme ouvrières dans les bassins industriels.

Il convient cependant de noter les félicitations du Métallurgiste (Centre) pour une grève de 48 heures aux Tréfileries d’Haine-Saint-Pierre début 1942 et, dans la même région, l’amertume du Métallo lorsque tirant les enseignements des grandes grèves qui ont secoué la métallurgie du Centre en septembre 1942, il estime que « trop de femmes se sont laissées effrayer par les prises d’otages ».

Quelques mois plus tard, les trotskystes, qui comptaient un noyau assez actif à Charleroi, tirent des conclusions analogues à la fin du mouvement d’envergure ayant cette fois ébranlé la métallurgie du bassin de Charleroi : « les femmes ont joué dans le présent conflit un rôle plutôt réactionnaire. Le problème de l’éducation politique des femmes se pose avec acuité ».

Selon les statistiques officielles récoltées après la guerre, les femmes représentaient 15 % des résistants en Belgique. ).

Les femmes ont souvent rejoint la résistance aux côtés de leur mari, de leur père, d’un frère ou d’un compagnon. Après la guerre beaucoup d’entre elles n'ont fait aucune démarche pour faire reconnaître leur engagement après la guerre. Celles qui avaient combattu avec leur mari ont souvent estimé que la seule reconnaissance de celui-ci valait pour le couple et ne voyaient pas l'intérêt d’une reconnaissance personnelle.

Souvent, dans la Résistance, elles reproduisaient les rôles qu’elles avaient dans la vie courante : soit une fonction de liaison (délivrer des messages par exemple ou du courrier), soit une tâche de support (hébergement de juifs ou de parachutistes ou aide matérielle). 

A l’époque, on n’imaginait pas voir des femmes remplir des rôles militaires.

Le Rassemblement national de la Jeunesse ( division du Front de l’Indépendance) va tenter de s’adresser directement aux jeunes filles ainsi qu’e témoigne l’article suivant :

POUR VOUS JEUNES FILLES

Une amie vous parle...

Comme vous toutes, jeunes filles de mon âge, mes vingt années assistent avec tristesse à l'épouvantable tourmente qui depuis tant d'années s'abat sur notre malheureux pays.

Comme vous, je pense avec effroi aux douleurs poignantes de tant d'hommes et de femmes de chez nous, victimes innocentes d'une occupation barbare.

Chaque jour encore se déroulent autour de nous des choses à peine croyables : des milliers de nos compatriotes vivent traqués dans l'illégalité, des milliers connaissent les rigueurs de la déportation, des milliers souffrent la captivité, des milliers sont torturés dans les camps de concentration, et des milliers d'autres payent de leur vie leur amour de la Patrie.

Déjà en 1914 notre pays a vécu les mêmes atrocités dont l'horrible souvenir reste toujours vivace au fond des cœurs belges. Que de souvenirs édifiants légués par les sublimes sacrifices des Gabrielle Petit ! Et fidèles à ces exemples, les jeunes femmes belges affirment tous les jours par leur ardeur patriotique, qu'elles restent dignes des vertus de leurs ainées!

A cause de leur admirable esprit de résistance, plusieurs d'entre elles sont aujourd'hui emprisonnées, même connaissent les affres des terribles camps de concentration.

Pourtant, de nos jours encore, la plupart des Belges semblent ignorer cette courageuse attitude dont tant de jeunes filles font preuve sous l'occupation ennemie.

Mais le jour est venu d'affirmer officiellement notre présence au sein de la résistance, à la faveur de l'immense mouvement de Rassemblement National qui s'opère parmi la jeunesse belge. Car le Rassemblement National des Jeunes n'atteint pas seulement la jeunesse masculine mais il s'étend naturellement à la jeunesse féminine. Chez nous aussi les épreuves présentes accroissent tous les jours davantage dans nos âmes féminines, cet immense besoin de nous sentir unies et soutenues dans un même esprit de Résistance.

La place que nous réserve l'organe officiel du Mouvement nous servira de trait d'union et nous permettra dorénavant de faire entendre notre voix à tous les Belges.

Tous les mois, tantôt l'une, tantôt l'autre, animera cette chronique en y exprimant les sentiments tourmentés que nous éprouvons dans notre Patrie meurtrie.

Aujourd'hui c'est par ma plume que notre section lance un appel à toute la jeunesse féminine pour la convier à prendre part, de toutes ses forces, au Rassemblement National des Jeunes.

Jeunes filles qui lisez ces lignes, LE RASSEMBLEMENT DE LA JEUNESSE NE PEUT SE FAIRE SANS VOUS. Aujourd'hui il vous faut vous hausser, chacune selon ses moyens, le niveau de la résistance patriotique. Demain, il s'agira d'établir solidement et de défendre efficacement vos intérêts communs. Répandez autour de vous ces mots d'ordre : Unissez-vous et organisezvous, car il est temps d'engager la lutte. Toutes unies au service du Pays!

Nous les Jeunes. Organe mensuel du rassemblement National de la Jeunesse affilié au Front de l'Indépendance

Date de publication: 01-04-1944 - 30-04-1944