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awans-memoire-et-vigilance.over-blog.com

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Site relatif au devoir de mémoire. Concerne la FNC, la FNAPG et la CNPPA pour AWANS, BIERSET. Concerne les combattants, les résistants, les prisonniers, la guerre, l'armistice, la libération. Reportages sur les commémorations, les Monuments aux Morts, la Fête Nationale. Discours 11 novembre, 21 juillet et autres.


Reparlons de Gaston de RUYTER, jeune poète hutois mort en 1918. Une lourde perte pour la littérature.

Publié le 10 Janvier 2024, 17:41pm

Gaston de Ruyter, le pilote poète

Gaston de RUYTER

Un article publié, il y a déjà quelque temps, sur le soldat poète hutois Gaston de RUYTER a refait surface par l’intermédiaire dy groupe Facebook « FNC Province de Liège ».

On ne reproduira donc pas cet article mais on apportera quelques suppléments ou commentaires.

Date de naissance: 

23/12/1895

Lieu de naissance: 

Huy

Domicile: 

Huy

Nom du père: 

François Felix Corneille

Nom de la mère: 

LEGEIN Arthurine Pauline Emma

Profession: 

étudiant

 

« Etudiant » ?

C’était à l’Athénée Royal de HUY.

L'ancien bâtiment de l'Athénée Royal de Huy

Il s’est engagé « volontaire » le 4 août 1914, soit le jour même de la déclaration de guerre.

Gaston De Ruyter a servi sur le front pendant la majeure partie de la Première Guerre mondiale, jusqu’au 28 février 1918.

A cette date, il est passé à l'aviation militaire et a commencé une formation de pilote militaire. Après avoir obtenu sa licence de pilote militaire à l'école de pilotage belge de Juvisy-sur-Orge, il rejoint le 11ème Escadron de Chasse le 2 octobre 1918.

Cinq jours plus tard, le 7 octobre 1918, il s'écrase à Alveringem lors d'un vol d'essai avec un Sopwith Camel.

 

 

Le Sopwith Camel est un avion de chasse britannique de la Guerre de 14-18.

Environ 6 000 appareils ont été produits à partir du 22 décembre 1916. Le Sopwith Camel est un des avions de chasse les plus compliqués à piloter ; autant de pilotes de Camel ont été tués dans des accidents que perdus au combat.

Un dicton anglais évoquait les caractéristiques du Sopwith Camel : «  Le Camel pouvait vous conduire à la croix de bois, à la Croix-Rouge ou à la Victoria Cross.

Son nom figure parmi les morts inscrits sur le mémorial de la Première Guerre mondiale du cimetière de La Buissière à Huy.

Monument familial de Gaston de RUYTER

Il est enterré dans la tombe familiale de la famille De Ruyter au Cimetière de la Buissière de Huy.

La Grande Guerre a été très meurtrière parmi les jeunes soldats mobilisés. Les écrivains en herbe ont aussi payé un lourd tribut.

Les français, par exemple, déplorent la mort à la guerre de 560 écrivains, jeunes pour la plupart.

Parmi lesquels Alain FOURNIER, Guillaume APPOLINAIRE, Charles PEGUY, Louis PERGAUD…

Du côté belge, on déplore Louis BOUMAL…

On ne parle que des gens très connus, ceux qui avaient déjà publié.

Beaucoup sont oubliés.

A les lire, ils étaient pourtant très prometteurs, tel Gaston de RUYTER.

Quelques problèmes suivront ci-après.

On est frappé par la grande maîtrise d’un jeune qui avait à peine terminé ses humanités. Manifestement, la Belgique, la littérature française a perdu un grand poète.

PAYSAGE AGRESTE

« Pardonne à la main qui te frappe... »
Jésus-Christ

Cent mètres de terrains séparent nos tranchées
De la ligne ennemie et de la terre aimée.
Dans l'herbe déjà haute, on discerne un sillon
Dont le temps ne peut faire oublier l'abandon,
Car on peut voir aussi, fendant l'argile nue,
Se dresser, fier encor, le soc d'une charrue.
L'acier en est rouillé, des éclats de shrapnells
Ont brisé la ferrure et peut-être, cruels,
Tué les deux grands bœufs, dont l'effrayant squelette
Où les corbeaux, le soir, en croassant s'arrêtent,
Semble se reposer comme au jour de leur mort,
Alors qu'ils ruminaient après leur dur effort.
Et plus loin, à dix pas, se dresse une croix noire.
Triste et dernier vestige après la Mort sans gloire !
« Ci-git quelque inconnu à l'uniforme gris,
Belge, prie et pardonne à ceux qui t'ont trahi ! »

Et près de la croix noire ou repose cette âme,
Coquelicots et boutons d'or dressent leurs flammes !

Tranchées de Noordschoote, le 3 avril1916.

LETTRE D'AVANT LA BATAILLE

                                                                                                          A mes Parents.

Parents, frères, amis, pour qui mon cœur ouvert
Déborde d'affection et d'immense tendresse,
Ce soir, alors que le parfum des bourgeons verts
Fait oublier le temps et met au cœur l'ivresse,

Il faut qu'en cet instant, de beaucoup et de peu,
Je vous parle en bon fils, en soldat de Belgique !
Père, soyez-en fier et vivez bien heureux !
J'ai fait le sacrifice en mon âme énergique

De ce sang généreux que vous m'avez donné,
Et je verrai sans peur venir la Mort hideuse,
Car ce sera pour vous, pour votre liberté,
Que votre gars mourra dans cette heure glorieuse !

Mère, que vos grands yeux ne versent pas de pleurs,
Et qu'au jour du retour, en apprenant le drame,
Le récit de ma mort, redressant votre cœur,
Appose un léger baume au chagrin de votre âme !

Adieu, frères, parents, et peut-être Au revoir  !
Rêve et Espoir ! Demain nous livrerons bataille !
Je voudrais que, pareille aux senteurs de ce soir,
Le doux parfum des fleurs, sur le champ qu'ils assaillent,

Grise tous nos soldats de carnage et de sang
Pour qu'à jamais nos fils haïssent les Teutons !
Ah ! Que la mort est belle à l'âge de vingt ans,
Quand on tombe, frappé d'une balle en plein front.

Tranchées de Noordschoote, le 1er avril 1916.

Voici les froides nuits...

Voici les froides nuits aux creux de la tranchée 
Et les longues factions, nerfs crispés, l’œil au guet ; 
Et voici les retours, sans glaive et sans trophées, 
Des soldats harassés, farouches et muets. 

Voici les mois perdus déroulant, monotones, 
La plainte quotidienne aux matins sans soleil ; 
Voici l’église nue où les cloches ne sonnent 
Que pour l’annonce encor d’un éternel sommeil. 
 
Voici l’âpre contrée où l’enfer et le feu 
Font, d’un gamin d’hier, la carcasse d’un homme ; 
Et voici les corbeaux se disputant, furieux, 
Cette carcasse encor jusqu’en son dernier somme ! 
  
Mon cœur, pourquoi pleurer l’envol des clairs matins 
Et les baisers ardents, et les chaudes caresses, 
Et l’extase infinie où des mains dans mes mains 
Attendaient le réveil tremblant de ma tendresse ? 
 
N’es-tu pas satisfait, soldat, de tant d’orgueil
Et de force brutale aux chants fiers de ta haine ?
Regarde, sous tes pieds, s’entrouvrir le cercueil 
Et consume ta force à libérer tes chaînes ! 

Livre publié en 1919 par l'Athénée Royal de HUY "Hommage à nos héros".

Gaston de RUYTER y est cité.

 


 


 


 

 

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