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awans-memoire-et-vigilance.over-blog.com

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Site relatif au devoir de mémoire. Concerne la FNC, la FNAPG et la CNPPA pour AWANS, BIERSET. Concerne les combattants, les résistants, les prisonniers, la guerre, l'armistice, la libération. Reportages sur les commémorations, les Monuments aux Morts, la Fête Nationale. Discours 11 novembre, 21 juillet et autres.


L'ambiance à Liège en 1943 selon la presse clandestine.

Publié le 26 Juin 2023, 17:24pm

CHURCHILL GAZETTE

de juillet 1943 : réponse à un article du journal collabo

« La Légia ».

 

D'obédience anglophile ( comme son nom l'indique ), elle est fondée à Seraing.

Sa première équipe rédactionnelle comprend l’avocat Joseph Goffin, la famille Husson, l’abbé Ernotte. La feuille est d’abord diffusée dans les communes ouvrières situées en amont de Liège (Ougrée, Flémalle, Engis en 1941) avant de se répandre dans l’ensemble de l’agglomération liégeoise (1942 – 1943).

A plusieurs reprises, le « noyau dur » de son équipe rédactionnelle est menacé par l’action de la Sipo – S.D. Deux de ses trois directeurs, ainsi que vingt-trois de ses collaborateurs ponctuels périssent du fait de l’ennemi.

Peu à peu, le tirage passe de 600 à  2 500 exemplaires. Certains numéros atteignent même un tirage de 4 000 exemplaires.

 

Comme nous l'avons déjà dit un des buts de la presse clandestine était de faire pression sur les collabos, de les démoraliser. C'est apparent dans l'article ci-après.

 

Un journaliste ( Bastin ) de La Légia avait critiqué la façon dont étaient nourris les détenus de la prison de Saint-Léonard à Liège. Il visait surtout les prisonniers politiques qui y étaient détenus.

Les prisonniers politiques y patientèrent en attendant soit d’être déportés vers les camps en Allemagne soit d’être exécutés au Fort de la Chartreuse.

Stèle commémorative des prisonniers politiques de la Seconde Guerre mondiale. Esplanade Saint-Léonard et place des Déportés, à l’entrée de l’ancienne prison. La stèle se trouve à gauche, côté rue de la Résistance, au bas des escaliers, le long d’un parterre.

Voici, cinglante et assortie de menaces la réponse de CHURCHILL GAZETTE.

 

Voilà, Bastin, l'ordinaire des prisonniers de Saint-Léonard et autres lieux, ordinaire qui vous laisse, paraît-il, béat d'envie, vous et votre " ventre-creux ".

Nous nous empressons de dire la gratitude des prisonniers envers, la Croix-Rouge de Belgique, pour les efforts qu'elle fait en leur faveur, mais croyez-nous, malgré cela les prisonniers ont faim, ont vraiment faim !

Gras et dodu comme vous l'êtes, que penseriez-vous, Bastin, si vous étiez mis à leur régime au lieu des bons et gras repas que vous recevez à Souverain-Pré ?

Nous n'ignorons pas les nombreux achats de viande, graisse, etc... qui sont faits chez vous sur le marché noir.

Nous savons également la grande consommation de farine blanche qui est faite chez vous : un moulin et les tartes et gateaux sont un dessert journalier sur votre table...

Continueriez-vous à être gras et lourdeau ? Votre poids dépasserait-il toujours les 100 Kgs ?

Et que faites-vous des complaisances coupables qui aident à votre ravitaillement ? Non content de vous remplir le ventre, vous éprouvez en plus la nécessité d'injurier ceux dont, à vos yeux, la faute est d'être restés fidèles à leur Pays, à la Liberté. Ceux qui ne veulent pas partager vos idées de collaborateur.

Quel rôle abject est le vôtre ! Si vous avez manqué de courage pour vous battre pour votre Pays, d'abord ouvertement et ensuite dans l'ombre, ayez au moins la décense d'essayer de vous faire oublier.

Si vous manquez du cran indispensable pour remplir votre devoir, si pour vous la question " intérêt " est primordiale, n'essayez donc pas de ravaler le geste de ceux pour qui l'honneur et la liberté sont des biens inestimables.

Essayez donc d'être plus sincère, d'être moins cynique et vous reconnaîtrez de quel côté sont les braves gens !

Mais nous ne vous croyons cas capable d'agir ainsi, Monsieur le grand écrivain ! Et vous avez donc perdu de vue que la lecture de la Légia est autorisée, centre paiement, dans les prisons allemandes de Liège.

Avez-vous pensé que ceux qui se trouvent là ont eu connaissance de votre sale article ? D'autres, actuellement en liberté l'ont également eu sous les yeux et il n'en est pas un seul qui ne soit révolté par votre cynisme, par vos mensonges et par votre manque de franchise. De ce fait, vous voilà exposé, dès ce jour, aux représailles et vous savez très bien - vous êtes journaliste - que ces représailles seront conséquentes !

Ils sont nombreux ceux qui sont révoltés par les injures que vous vomissez à l'adresse des patriotes, sous la protection des bayonnottes boches et ils sont nombreux ceux qui attendent le moment propice pour vous en demander raison.

Et nous ne voue plaindrons pas, monsieur le journaliste boche, au contraire, c'est de grand coeur que nous demandons que vous soyez puni de vos petites insanités rétribuées. Nous désirons être du nombre de ceux qui vous en demanderont raison, dans quelques mois, dans quelques semaines, quand vos maîtres seront définitivement chassés du sol de Belgique.

KEEP SMILING .

 

Le journal clandestin « La Wallonie Indépendante » de septembre 1943, tape sur le clou et publie l'articulet suivant :

EPURATION

 

Messieurs de la Gestapo, vous qui avez si proprement descendu le journaleux rénégat Emile LIBERT, n'auriez-vous pas encore quelques balles pour d'autres liégeois: Raymond COLIN, Hubert DETISTE, René TONUS, LETESSON et quelques autres fripouilles ?


 

 

Les 7 et 8 septembre 1944, les troupes américaines arrivent à Liège et libèrent la ville. Puis la province, le 15 septembre. La Légia disparaît et, sans perte de temps, La Meuse reparaît.

C’est début novembre 1944 que le vrai journal La Meuse reparut après avoir dû régler la pénurie de papier journal.

Le 7 novembre 1945 à Liège débute le procès de La Légia, procès du quotidien mais aussi de ses employés.

Suite à son évaluation psychologique, Hubermont joue la carte de la folie pour éviter une condamnation trop forte. Folie qu’il maintiendra dans ses œuvres postérieures.

Il sera condamné à la détention perpétuelle, à la confiscation des sommes gagnés en travaillant à La Légia, à payer de 5 millions de francs de dommages et intérêts à l’Etat. Sa peine sera ramenée à 16 ans, pour finalement le libérer le 20 novembre 1950.

Plusieurs rédacteurs furent condamnés à mort.


 


 

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