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awans-memoire-et-vigilance.over-blog.com

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Site relatif au devoir de mémoire. Concerne la FNC, la FNAPG et la CNPPA pour AWANS, BIERSET. Concerne les combattants, les résistants, les prisonniers, la guerre, l'armistice, la libération. Reportages sur les commémorations, les Monuments aux Morts, la Fête Nationale. Discours 11 novembre, 21 juillet et autres.


Toujours sur BOLOGNE, Bouyrgmestre de Liège de 1940 à 1942.

Publié le 16 Janvier 2023, 17:29pm

ENCORE et TOUJOURS SUR Joseph BOLOGNE.

Une pensée qui s'applique bien

On en revient toujours, près de 80 ans plus tard, aux contestations relatives à Joseph BOLOGNE.

A la lecture de la Presse clandestine, on constate des louanges mais sur des sujets non contestés.

Ce qui est surtout mis en exergue, c’est l’opposition farouche à l’obligation pour les policiers liégeois de saluer les officiers de la Garde Wallonne.

Légalement, les policiers belges n’étaient pas des militaires. Ils n’avaient donc pas, même avant la guerre, l’obligation de saluer les officiers même ceux de l’Armée belge.

Si BOLOGNE rappela cette interdiction vis-à-vis de la Garde Wallonne, il ne s’est pas opposé, par prudence, à l’obligation de saluer les officiers allemands. Résultat de sa « politique du moindre mal ».


 

Ci-dessous un extrait de Churchill Gazette de mai 1942.


 

BRAVO LES LIEGEOIS

( La B.B.C.de Londres en son émission du 16 mai 1942 )

Notre correspondant, spécialement attaché à l'ObeifeldKommandantur de Liège, nous communique ce qui suit:

Au cours de la semaine du 3 au 10 courant,le Général Keim avait fait parvenir au Commissaire en Chef de la Police de Liège, l'ordre d'obliger les agents et officiers de la police de saluer militairement tous les officiers traîtres, attachés aux peu reluisantes Gardes wallonnes et flamandes.

Cet ordre valait pour toute la police du Grand Liège. Le Commissaire de police avait transmis ces ordres à ses subordonnés mais, nous nous empressons de dire, en ajoutant que rien ne pouvait motiver le salut envers ces tristes personnages.

Un policier liégeois qui feignait d'ignorer un de ces piètres officiers avait été appréhendé dans la rue et conduit sous l'escorte de six gardes wallonnes à la Kommandantur.

A la suite de ce incident, le général Keim, par l'intermédiaire du Commissaire de police avait fait parvenir une lettre à Monsieur BOLOGNE, bourgmestre de Liège, dans laquelle il renouvelait l'ordre transmis.

Monsieur BOLOGNE y a répandu par la lettre que vous trouverez ci-dessous :

« Liège,le 11 Mai 1942,

A Monsieur le Lieutenant-Général KEIM Oberf eldkommandant à Liège,

Monsieur le Général,

Je prends connaissance ce lundi 11 mai de votre lettre du 6 mai, remise à Monsieur le Commissaire de Police en chef le samedi 9 (au soir) concernant l'obligation pour notre police d'avoir à saluer les officiers de la garde wallonne. Je ne puis vous cacher la grande émotion que j'ai ressentie en présence de celle invitation. Bien qu'il ne soit pas dans les usages, en Belgique, que la police locale salue les officiers de l'armée, je n'ai pas hésité à prescrire à mes agents de saluer Messieurs les officiers de l'armée d'occupation comme l'ordre écrit m'en avait été donné. A plusieurs reprises, Monsieur le Commissaire en Chef a rappelé à ses subordonnés qu'ils devaient se conformer à cet ordre.

Voici que vous nous demandez d'ordonner à notre personnel de la police de saluer à l'avenir les officiers des sections wallonnes et flamandes.

Je suis au regret de devoir vous dire que je ne pourrai me soumettre à pareil ordre. La Belgique est occupée,mais elle existe encore, car la guerre n'est pas finie et la paix n'a pas été conclue entre l'Allemagne et nous. Les Belges ont pour devoir dans l'attente du règlement final d'observer la neutralité. Cela étant, comment concevoir que des belges se mettent volontairement au service de l'étranger ? Celui qui agit ainsi est considéré dans tous les pays comme un traître.

Comme chef de la police, je n'ai jamais manqué une occasion d'enseigner aux agents et officiers de notre police la notion de l'honneur. En âme et conscience je ne pourrai les astreindre à l'obligation de déférence à l'égard de gens qui faillissent à l'honneur.

Je ne crois pas, au surplus, qu'il soit désirable, dans l'intérêt de l'armée allemande elle-même, d'inculquer aux policiers l'idée d'une complète assimilation entre les officiers et les personnes dont il est question ici.

La haute opinion que j'ai de vous, Monsieur le général, me faisait l'obligationde de vous dire ce qui précède.

Je suis sûr que me comprendrez.

Le Bourgmestre (s) BOLOGNE »

Il faut reconnaître, et avec joie, que Monsieur BOLOGNE est de la classe des grands bourgmestres avec Messieurs Van de Meulebroeck et Coelst de Bruxelles. Il a su montrer qu'il était le digne continuateur des Max et tant d'autres bourgmestres de 1914-18.

Nous nous plaisons à répéter que Monsieur BOLOGNE de tergiverse pas avec le Devoir et qu'il fait tout son possible pour atténuer les souffrances de la population liégeoise.

Il fait aussi ce qu'il doit lorsque l'occasion se présente. Ce n'est d'ailleurs que plus tard que nous saurons tout ce que Monsieur BOLOGNE a fait pendant l'occupation.

Nous dirons également que nous avons entendu le général KEIM dire qu'il se rendait compte que la mesure qu'on voulait appliquer manquait totalement de psychologie, mais que l'ordre venait de Bruxelles qui l'avait transmise sous les instances du triste Secrétaire Général à l'intérieur, l'usurpateur Romsée, avec lequel nous espérons bien régler un compte un jour.

Il est toutefois possible que Monsieur BOLOGNE parti, il se trouve un soi-disant bourgmestre pour appliquer l'ordre allemand. Nous espérons bien qu'il n'y aura aucun policier du Grand Liège qui se pliera à pareille obligation. Il vaut mieux être résilié et même emprisonné que de rendre les honneurs à ces trop peu intéressants officiers des sections wallonnes.


 

Nous avons marqué en rouge un passage qui tranche avec les débats d’après-guerre. A noter que, en 1945, il ne trouva guère de soutien parmi la résistance.

En juillet 1942, Churchille Gazette revint, plein de louanges, sur cette affaire.

DANS LA GENDARMERIE

Si les Liégeois peuvent être fiers de leur bourgmestre, il n'en est pas de même en ce qui concerne les gendarmes vis-à-vis de leur chef de corps.

Sait-on que cet officier supérieur Lieutenant-Colonel DELEHOUZEE n'a pas eu honte de transmettre à ses subalternes l'ordre qu'il avait reçu de l'occupant et suivant lequel les gendarmes devaient saluer les traîtres qui ont nom " GARDES WALLONNES ".

Heureusement, la fière attitude du Bourgmestre de Liège et la lettre qu'il a envoyée à l'autorité occupante ont remis les choses au point et les revendications des traîtres au panier.

N'empêche que de tels gestes doivent être signalés et être retenus. Un autre officier de Liège également, n'a pas craint de prononcer un jour ces paroles on ne peut plus regrettables :

" Je ne veux plus vous entendre employer le mot " patriotisme ". Ce serait du propre si nous ne voulions croire qu'il s'agit en l'occurence d'un écart de langage dû à un accès de nervosité. N'empêche que les hommes ont besoin pour remplir à l'heure actuelle une mission de plus en plus délicate d'un peu plus de compréhension de la part de leurs chefs. »

Nous espérons que cet officier ne s'est pas rendu compte de la gravité de ses paroles et que par son attitude future il le prouvera .


 

Cela, c’est pour le positif. Venons-en au négatif.

Tout d’abord l’ordonnance nazie du 7 mars 1941 sous le prétexte de lutter contre le vieillissement des cadres de l’Administration belge imposait une mise à la retraite des bourgmestres à l’âge de 60 ans.

BOLOGNE sollicita auprès de la Militärverwaltung une dérogation qui lui fut accordée. Il semble que personne, à cette époque, ne lui reprocha. Au contraire, on se réjouissait qu’il reste à son poste.

On lui reproche aussi, mais cela ne fit pas partie des plaintes déposées en justice après guerre, la suspension sans protestation des conseils communaux en avril 1941. Mais cela concernait tous les conseils communaux du pays et pas seulement celui de Liége. S’il ne pouvait pas s’y opposer, au moins aurait-il pu protester.

Idem en juin 1941 pour la suspension des échevins libéraux Buisseret et Jennissen en raison de leur positions antifascistes d’avant-guerre et de leur appartenance notoire à la franc-maçonnerie. Là non plus, pas de protestation !

Le 3 mai 1941, l’Oberfeldkommandantur lui réclama un relevé des organisations d’extrême gauche et antifascistes, ainsi que les noms des dirigeants de ces organismes pour l’ensemble de l’agglomération liégeoise. Après un léger moment d’hésitation, il obtempèra. Une liste de quelque 180 personnes fut ainsi transmise aux autorités allemandes.

Il s’en est défendu plus tard, disant qu’il ne voulait fournir qu’une liste restreinte limitée aux mandataires publics communistes, liste que tout le monde aurait facilement pu établir. La liste de 180 noms aurait été fournie à son insu. Ce qui n’est guère crédible. En outre, rappelons que le Bourgmestre est responsable des actes de son administration.

Le 22 juin 1941, les polices allemandes arrêtent préventivement à Liège plusieurs dizaines de personnes en raison de leur appartenance politique à des formations d’extrême gauche, communistes ou intellectuels antifascistes. Parmi les noms transmis par BOLOGNE, 47 personnes ont subi une privation de liberté de plus d’un mois et 16 sont mortes en captivité. C’est l’opération « Sonnewende ».

Le dimanche 22 juin 1941, conjointement avec l’attaque contre l’Union soviétique, les Allemands lancent l'opération Sonnenwende (Solstice d’été) dans les zones occupées, qui consiste en une arrestation massive de militants et sympathisants communistes, souvent impliqués dans la grève de mai 1941.

En Belgique environ 400 personnes furent arrêtées au cours de cette opération, et pas seulement des communistes. Il y eut également des socialistes de gauche comme René DELBROUCK, ancien Jeune Garde Socialiste et député P.O.B. de Liège, ainsi que quelques trotskistes et des membres du Comité de Vigilance des Intellectuels Antifascistes. Par rapport aux Pays-Bas (plus de 500 arrestations à cette occasion), le bilan semble très mesuré.

Ce fut le plus grave acte reproché à BOLOGNE après guerre.

Curieusement, l’accommodement à la politique antisémite ne fit, à l’époque, pas l’objet de la plainte en justice.

Pourtant, à l’exception d’une timide réserve au sujet du port de l’étoile, BOLOGNE n’a émis aucune protestation quant au sort des ressortissants juifs durant l’exercice de son mandat.

C’est sous le maïorat de Joseph BOLOGNE que l’administration communale créer le registredes Juifs et le tient régulièrement à jour. C’est également lui, en tant que président de la « Conférence des Bourgmestres du Grand Liège » qui devient l’interlocuteur de l’administration allemande et est chargé d’informer ses collègues des autres communes de l’agglomération liégeoise des modalités d’exécution des différentes ordonnances.

Le 19 juillet 1941, il écrivit aux autorités allemandes pour signaler que le travail était accompli. Les Allemands l’avait demandé par une lettre datée du 3 juillet. On n’a donc perdu guère de temps !

Au total, 733 Juifs de la région liégeoise ont été assassinés ou ont péri du fait de la guerre. Cette petite communauté a perdu plus de 30% de ses membres.

L'administration communale de Liège, déterminée à faire la lumière sur les évènements et les décisions prises à l'époque, a choisi d'ouvrir l'ensemble des fonds d'archives de la Ville à Thierry Rozenblum. L'analyse des documents historiques présente une situation complexe où se mêlent les actes de courage et l'exécution administrative des ordres nazis.

Thierry Rozenblum, entreprend de répondre à cette douloureuse question : « Pourquoi l’administration liégeoise et son bourgmestre ont-ils scrupuleusement exécuté les ordonnances anti-juives promulguées par l’occupant, si foncièrement contraires à la constitution belge, alors que dans le même temps ils se retranchaient derrière cette même Constitution pour faire obstruction, parfois avec succès, à quantité de mesures ordonnées par les autorités allemandes ? »

 

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