Les Pavés de Mémoire.

Les Pavés de Mémoire :

1. Les « pavés de mémoires » : généralités.

Peut-être en avez-vous déjà vus ? Peut-être êtes-vous passés par-dessus sans les voir ou, en tout cas, sans vous arrêter ?

Les "pavés de mémoire" sont des carrés de laiton de 10 cm portant l'inscription du nom de la victime, ses date et lieu de naissance, la date de son arrestation, le lieu de sa déportation, la date de son assassinat (ou de son retour).

Ces pavés, de 10 centimètres de côté, sont insérés dans les trottoirs devant des maisons où des victimes de rafles ou de dénonciation rafles ont vécu. Devant la maison où ceux-ci ont vécu et d'où ils sont partis vers les camps de concentration.

Ces "pavés de mémoire" ("Stolpersteine" en allemand, littéralement "pierres d'achoppement" en français) sont une création de l'artiste allemand Günther DEMNIG.

Günther DEMNIG les pose depuis 1993 pour toutes les victimes du IIIe Reich. Des dizaines de milliers de pavés ont à ce jour été scellés en Allemagne, Autriche, Belgique, Hongrie, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Pologne dont près de deux cents dans notre pays.

Chaque pavé rappelle la mémoire d'une personne déportée dans un camp de concentration ou dans un centre d'extermination parce qu'elle était Juive, Rom, communiste, Sinté, Yéniche, membre de la Résistance, homosexuelle, témoin de Jéhovah, chrétienne en opposition au régime nazi ou handicapée. L’installation de tels pavés permet de rendre visible, « palpable », l’ampleur du désastre.

2. Succès de l’initiative.

Ce projet existe depuis 1993 (date de création).

L’ensemble des pavés de mémoire doit être considéré comme un mémorial décentralisé. L’initiative rencontre un tel succès qu’il est impossible de connaître le nombre exact de pavés posés car celui-ci est en constante augmentation.

Tout à la fois acte artistique et mémoriel, il connaît depuis le début des années 2000 une très forte expansion en Europe.

Si, au départ, il s’agissait d’une initiative allemande, rapidement, elle dépassea les frontières allemandes et de nouvelles villes européennes les accueillirent.

Dès 1997, les premières pierres sont posées en Autriche. En 2007, c’est le tour des Pays-Bas et de la Hongrie, suivies de la République Tchèque (2008), la Belgique (2009), la Grèce (2016), et le premiers pays extra-européen à accueillir des Stolpersteine est l’Argentine en 2017. La France accueille ses premiers pavés de mémoire en 2013 en Vendée.

Fin 2021, plus de 85 000 Stolpersteine ont été posées dans 26 pays européens. 

Pour se faire une idée du développement de l’idée, on peut citer le chiffre de juin 2018 : 69 000 pavés posés dans 23 pays différents.

Günther DEMNIG
 

3. Malgré tout, une initiative qui rencontre des oppositions.

Curieusement, l’opposition provenait parfois des milieux juifs !

Jusqu'en juillet 2018, sous l'impulsion du Forum der Joodse Organisaties , les autorités de la ville d'Anvers s'opposaient à la mise en place de ces pavés. À la suite de l'avis émis par une commission d'experts, d'une pétition bilingue ayant recueilli près de 8 000 signatures et la pose de deux pavés par une équipe de l'Association pour la mémoire de la Shoah, en présence de Gunter Demnig, le 8 février 2018, la ville d'Anvers a décidé d'accepter la pose de pavés de la mémoire.

Elles sont illégales à Munich. A signaler la position de Charlotte Knobloch, ancienne déportée et présidente de la communauté israélite de Bavière puis présidente du Conseil central des juifs en Allemagne, qui considère qu'il est humiliant que ces marques de commémorations soient sur le sol et que des passants puissent marcher dessus.

Dans certains cas, les pierres ont été arrachées. A Rome, par exemple, le 10 décembre 2018, 20 pierres d'achoppement posées dans la via Madonna dei Monti ont été volées : l’origine néo-fasciste du vol semble ici bien apparente.

Avec Munich, Paris est la seule grande ville d’Europe qui refuse encore les Pavés de Mémoire. Le motif avancé est semblable à celui de Munich. Un autre prétexte avancé est le fait que ce n’est pas une tradition paarisienne.

4. Les pavés de mémoire à Liège.

Cela fera l’objet d’un article qui suivra prochainement.