Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

awans-memoire-et-vigilance.over-blog.com

awans-memoire-et-vigilance.over-blog.com

Site relatif au devoir de mémoire. Concerne la FNC, la FNAPG et la CNPPA pour AWANS, BIERSET. Concerne les combattants, les résistants, les prisonniers, la guerre, l'armistice, la libération. Reportages sur les commémorations, les Monuments aux Morts, la Fête Nationale. Discours 11 novembre, 21 juillet et autres.


Année de guerre 1942: pénuries....

Publié le 4 Octobre 2022, 18:02pm

1942 :

ANNEE DE PENURIES, DE DEBROUILLES, DE REVOLTES.


 

Les années de guerre furent, en Belgique comme ailleurs, synonymes de pénurie alimentaire.


 

Pendant les années de guerre, la vie des Belges fut essentiellement consacrée à trouver de quoi manger, l'invasion allemande étant à l'origine d'un énorme problème de ravitaillement. Tous les aliments essentiels furent rationnés, mais les rations officielles ne comptaient en moyenne que 1.380 kilocalories/jour.


 

En automne 1942, pour la première fois, et tardivement, on ordonne de charruer 10% des prairies afin d’augmenter la surface dédiée aux cultures.

La production de blé, cependant, n’augmente que très peu et ne permet pas de subvenir aux besoins de la population.

 

Dans le contexte de pénurie alimentaire causé par la guerre, de nombreux individus se retrouvent dans la précarité. Le Secours d’Hiver se donne pour mission de les aider en leur distribuant soupe, repas, vêtements ou encore charbon.


 

Très vite aussi la population cherche à compléter les maigres rations en obtenant des produits au « Marché noir ». On peut quasiment tout y acheter, mais à des prix excessifs. Toutes les astuces sont utilisées : production et vente clandestine de denrées, vol, non-observance des prix officiels, falsification des timbres de rationnement.


 

Les timbres de rationnement deviennent aussi une seconde monnaie : ceux qui peuvent se passer de certains timbres ( culture dans les jardins, élevages privés…) les utilisent lorsqu’ils se rendent chez les commerçants.


 

C’est la Corporation Nationale de l'Agriculture et de l'Alimentation (CNAA), qui aurait dû gérer l'approvisionnement alimentaire mais elle avait toutes les peines du monde à mettre un terme à ces infractions. En outre, elle était complètement discréditée.


 

La presse clandestine se fait l’écho de tous ces problèmes et les utilise pour stimuler l’esprit de résistance de la population.


 

Un exemple, cet article publié en janvier 1942 dans le journal COMBATTRE publié à LIEGE.

 


 

LA PENURIE DE PAIN.


 

Depuis quelques jours, en effet, les ménagères font des kilomètres, en vain et le plus souvent, pour trouver le pain indispensable aux menus familiaux.

Dans les faubourgs, autant que dans les centres élégants, les boulangeries sont assaillies par une foule dense et anxieuse : le pain, si mauvais qu'il soit, étant la base de notre alimentation, son absence est durement ressentie par les ménages modestes. Car, il est scandaleux de constater que ceux qui ont des réserves d'argent suffisantes peuvent se procurer du pain ... . à 15 et 20 frs le kilo.

Les pauvres, eux et tous ceux qui vivent de leur travail ou des indemnités reçues à l'Assistance Publique, doivent s'astreindre à cueillir des rhumes ou pire encore, en faisant la file pendant des heures interminables.

Des explications diverses ont été données: celle qui nous a été servie le plus récemment est celle-ci : on a demandé, trop tard, aux fermiers, le dernier tiers de la récolte.

Qui, « on » ? Et pourquoi ? On devait savoir par les statistiques précédentes que les réserves de farine des boulangers étaient épuisées. Il est vrai qu'on dit aussi que ce retard a été voulu et qu'il devait servir à "freiner la consommation" étant donné que de nombreux ménages conseillaient, depuis la moitié du mois, avec des timbres du mois suivant.

Deux ménagères qui nous faisaient vis à vis dans le tramway ce matin, tiraient de cette tragique circonstance, une tout e autre conclusion: elles regardaient sans aménité une bande de jeunes hitlériens et déclaraient : "Si ceux-là étaient restés dans leur pays, nous n'aurions pas tous ces ennuis, nous étions comme le poisson dans l'eau et nous serons bientôt, comme le poisson.. . sans eau" .

Les grands responsables, évidemment, ce sont eux, mais il n'en est pas moins vrai que nos services nationaux officiels sont en dessous de tout au point de vue du ravitaillement .


 

Il y eut des mouvements de révolte populaire. Voir l’article suivant publié en janvier 1942 dans La Voix des Femmes :


 

LE BLÉ AUX BELGES

Dans un numéro précédent, nous avons relaté l'excellente initiative de ménagères d'une commune industrielle du Hainaut, qui sont parvenues à se faire distribuer par les cultivateurs de la région, à un prix raisonnable, une petite provision de froment. Cet exemple a immédiatement été suivi dans plusieurs autres communes.

Les femmes de Court-Saint-Etienne, notamment, eurent l'attitude particulièrement ferme. Elles menèrent également campagne pour la répartition d'une partie du surplus de la récolte de blé; elles eurent à lutter contre l'inertie et la mauvaise volonté de plusieurs notabilités de l'endroit, mais plus les difficultés se montraient, plus grande devenait la combativité des ménagères.

Dans de très nombreuses communes de la région de Mouscron, les résultats furent encore meilleurs. Les fermiers ayant accepté de vendre à bas prix, 7, 10, 20 ou même 30 kilos de froment par membre du ménage aux familles de travailleurs.


 

Témoignage du mépris ressenti contre la CNAA, cet article paru dans La Meuse en février 1942. La Meuse était le journal officiel du Front de l’Indépendance. La Meuse se présentait comme l’anti Légia.


 


 

Jusqu'à présent, il avait eu, dans notre région, de nombreux cas de résistance individuelle de cultivateurs aux réquisitions, saisies, amendes et exactions diverses de la soi-disant Corporation Nationale de l’Agriculture. Mais ces résistances étaient isolées, sporadiques. Or, la situation commence à changer.

A Andrimont, les fermiers ont décidé de résister en bloc aux tentatives de la C. N. A. A. A Heusy également, les fermiers commencent à se grouper.

Nous pouvons espérer que nous nous trouvons là devant les premières tentatives de constitution du front qui, demain, unira toute notre classe paysanne contre ses oppresseurs et leurs valets.

Nous faisons appel à ceux de nos concitoyens qui, donnant dans le panneau de la presse vendue, accusent nos paysans de la cherté de la vie, pour qu'ils comprennent que, si la vie est chère, c'est parce que notre pays est pillé par les nazis, dont les paysans sont les victimes comme tous les autres. Nous faisons appel à ceux pour que, avec les paysans, ils fassent bloc contre l'ennemi commun.


 

Et, plus avant dans le même journal :

BRAVO LES PAYSANS !

 

Les chefs imposés par les collaborateurs du gouvernement de Bruxelles à la corporation des paysans de la Basse Meuse, ont dû démissionner sous la contrainte paysanne, qui les accusait de brigandage, de livrer leurs produits à Hitler et d'affamer les populations.

Pour ne point subir ce cinglant affront, le chef adjoint Schoorens s'est fait déplacer par ses supérieurs.

Paysans qui recevrez cet indésirable, flanquez-le carrément par la fenêtre ! Vomi par les uns, il ne peut être accepté par les autres.


 

La solidarité se met aussi en route. Voici un article de L’Eclaireur, de septembre 1942


 

UN EXEMPLE A SUIVRE PARTOUT.

A H...le 19 septembre, suite aux réclamations de la population, le Bourgmestre organisa une réunion de fermiers auquel assistait 7 délégués de la population, pour inviter les fermiers à donner du blé. Les résultats furent couronnés de succès.

En effet, après accord, chaque habitant obtint 25 kg de blé au prix de 3 fr le Kg.

Egalement à H...,il fut décidé à la même réunion que 10 Kg de blé seraient distribués GRATUITEMENT pour chaque prisonnier de la commune. Signalons qu'ils sont encore au nombre de 23.

A P...,30 Kg.à 3 fr.sont délivrés.

A L... 20 Kg.

A W... 20 Kg.,etc.

Saluons ces heureuses initiatives en espérant que dans chaque commune la population suivra cet exemple.


 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents