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Site relatif au devoir de mémoire. Concerne la FNC, la FNAPG et la CNPPA pour AWANS, BIERSET. Concerne les combattants, les résistants, les prisonniers, la guerre, l'armistice, la libération. Reportages sur les commémorations, les Monuments aux Morts, la Fête Nationale. Discours 11 novembre, 21 juillet et autres.


Armée belge de 1940 et ses grands oubliés: les CRAB's

Publié le 12 Septembre 2022, 18:35pm


 

DES OUBLIES DE 1940 : LES CRAB.

« Centres de Recrutement de l'Armée Belge »


 

1. Les CRAB.

 

1940 a vu apparaître une communauté bien spécifique, celle des « 16-35 ans », regroupée le temps d’un été, par les hasards et les nécessités de la guerre, derrière le sigle de « CRAB-s », ( « Centres de Recrutement de l’Armée belge »).


 

C'était la conséquence d'un Arrêté royal de juillet 1937, déterminant la composition de la Réserve de Recrutement de l’armée.


 

Son article 1 stipulait qu’entre le 1er et le 31 octobre de chaque année, chaque commune du Royaume devait recenser les nationaux masculins ayant atteint ou devant atteindre l’âge de 16 ans révolus dans l’année en cours. Une fois recensés, ceux-ci faisaient partie de la Réserve de Recrutement nationale à partir du 1er janvier de l’année suivante, c’est-à-dire de l’année qui voyait survenir leur 17e anniversaire.,


 

Cette Réserve devait aussi intégrer, jusque 45 ans, tous les Belges n’ayant pas été appelés au service actif en temps de paix : les sursitaires, les ajournés, les dispensés de service en temps de paix ainsi que les libérés du service actif.


 

Cette Réserve était constituée d'hommes qui n’avaient jamais été militaires et qui étaient destinés à être incorporés dans l’hypothèse d’un conflit impliquant la Belgique et se prolongeant. Toutes les personnes concernées représentaient une masse théorique de 452.000 jeunes adultes, ceux de 17 à 20 ans étant quelque 200.000, sans compter les 80.000 sursitaires ajournés des classes 1936 à 1939.


 

2. Les CRAB au 10 mai 1940.

 

Le 10 mai 1940, l'ordre est donné aux hommes de 16 à 35 ans des provinces de Liège, Namur, Luxembourg et Limbourg par voie d'affiche et radio de rejoindre par leurs propres moyens les centres de recrutement de l'armée belge (CRAB). L'ordre sera étendu au reste du pays le 12 mai. Sur les 300 000 hommes convoqués, il est estimé qu'environ 200 000 tentèrent de rejoindre les CRAB.


 

Les Centres de recrutement de l'armée belge (CRAB), ( en néerlandais : RCBL et en allemand : RZBH ) étaient les lieux d'accueil des civils belges appelés pour former la réserve de l'armée comme prévu par la loi sur la milice du 15 février 1937. Les CRAB furent d'abord installés dans le Hainaut ( Erquelinnes et Binche ) et en Flandre ( Eeklo ) puis transférés le 12 mai à Ypres, Courtrai-Menin, Poperinge, Roulers puis après leur fermeture, en France.


 

Curieusement, ils gardèrent leur statut civil.


 

3. Les CRAB dans la tourmente.

 

Le 14 mai, la décision de les transférer en France est prise. L'ordre en le 15 mai. Ceux d'Ypres ne partiront que le 18 mai. Rouen est choisi comme lieu de rassemblement. Un bonne partie des appelés furent bloqués à la frontière française ou dans la Somme et subirent les bombardements allemands. Ils emportent des vivres pour quarante-huit heures, l'administration militaire devant ensuite les prendre en charge.


 

Ces troupes de réserve furent prises, comme notre armée, dans une débâcle qui fit d'elles des troupes de déracinés, incertaines d'un sort ballotté entre une vie civile affolée et des armées disloquées.



Le 16 mai, le gouvernement français autorisa le rassemblement des centres dans les XV, XVI et XVIIe régions militaires. Toulouse devient le centre de ralliement. Le XVIIe CRAB est ainsi créé le 21 mai à Toulouse avec l'arrivée des premiers trains. 82 cantonnements regroupés en cinq secteurs sont ainsi installés autour de Toulouse. Le XVe CRAB est créé à Nîmes et le XVIe à Béziers ).


100000 hommes purent rejoindre les CRAB du sud de la France. Ils traversèrent la Somme avant le 20 mai. Après cette date, la plupart furent refoulés vers le nord de la France et rattrapés par l'avancée allemande. Environ 50.000 rebroussèrent rapidement chemin ou rejoignirent leur parents engagés dans l'évacuation.


 

Le XVe CRAB de Nîmes regroupant 41 000 appelés fut divisé en 127 cantonnements dispersés dans le Gard. Le XVIe CRAB de Béziers, était composé de 20.000 hommes installés dans camps dans le département de l'Hérault. Le XVIIe CRAB de Toulouse regroupait 21.000 hommes dispersés dans des camps dans les départements du Gers, de l'Ariège et de la Haute-Garonne. Environ 25.000 membres étaient logés chez l'habitant. Ils souffrirent moins des privations que leurs collègues installés dans les camps. L'encadrement est militaire et insuffisant et les soucis d'intendance sont généralisés dans les camps. Certains camps, comme celui d'Agde 4.000 hommes étaient gardés par l'armée française et étaient dans un état d'insalubrité avancé.



La capitulation de l'armée belge le 28 mai n'amena pas leur fermeture. Certains officiers furent temporairement mis aux arrêts par les autorités françaises.



Le 2 juin, l'armée française réclame de la main d’œuvre pour reconstituer une ligne de défense sur la Somme. Des appelés belges sont mis à disposition. Le 4 juin, 34 bataillons de Travailleurs dont 20 000 membres provenant des CRAB viennent grossir les rangs. Ces hommes seront parfois victimes du feu ennemi. Reculant avec l'armée française en pleine débandade, ils seront livrés à eux-mêmes, certains seront capturés et envoyés en Allemagne comme prisonniers de guerre et 800 autres internés en Suisse jusqu'en février 1941.


 

Le manque d'hygiène, de nourriture appropriée, de soins médicaux, des déficiences dans la fourniture de vêtements et de chaussures de remplacement, aggravaient le désarroi psychologique de jeunes gens sans nouvelles de leurs parents.


 

Heureusement, de nombreux Français se montrèrent secourables aux jeunes Belges désemparés. Les moins malheureux furent sans doute les quelque 25.000 jeunes qui furent dirigés sur des villages dans d'autres départements que ceux qui avaient été assignés aux CRAB. Ils y étaient mieux nourris, percevaient une indemnité de 10 FF par jour, et il advint qu'ils fussent payés pour de petits travaux dans des exploitations agricoles ou des ateliers. 

 

4. Retour en Belgique :


 

Après la capitulation de Pétain le 17 juin 1940, se posa la question de rapatrier les réfugiés belges, CRAB inclus. Il faudra plus de deux mois pour que les C.R.A.B. regagnent la Belgique. Tous ne feront pas le choix de regagner la Belgique occupée et démembrée. Certains vont prendre le chemin de l’exil à travers les Pyrénées pour gagner Londres et continuer à se battre.


 

Les convois de rapatriement débutent le 30 juillet. Vers la fin août 1940, 100.000 membres des CRAB reviennent en Belgique. Le 7 septembre, partent de Nîmes, les derniers membres. Environ 400 jeunes Belges perdront la vie dans l'aventure dont au moins quatre fusillés arbitrairement par l'armée française sous le motif d'espionnage.


 

5. Reconnaissance :

 

Étant donné que les membres des CRAB n'étaient, à l'origine, pas reconnus comme militaires, ils n'eurent pas droit à une solde ni au statut d'ancien combattant et ce jusqu'au 12 avril 1990, où parut un arrêté royal créant un statut de reconnaissance nationale en leur faveur ainsi qu'une médaille.


 

Beaucoup ignorent les tragédies dont nombre de ces citoyens ( pour la plupart très jeunes ) furent accablés. Il y eut des morts sous la mitraille. Et les privations comme le manque de soins entraînèrent des maladies qui compromirent durablement la santé de jeunes gens dont beaucoup n'avaient jamais quitté leurs parents et leur région natale.


MONUMENT AUX CRAB's à POPERINGE

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