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awans-memoire-et-vigilance.over-blog.com

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Site relatif au devoir de mémoire. Concerne la FNC, la FNAPG et la CNPPA pour AWANS, BIERSET. Concerne les combattants, les résistants, les prisonniers, la guerre, l'armistice, la libération. Reportages sur les commémorations, les Monuments aux Morts, la Fête Nationale. Discours 11 novembre, 21 juillet et autres.


Esther BEJARANO. Survivante de l'orchestre des femmes d'Auschwitz est morte. Sa vi et son oeuvre.

Publié le 12 Juillet 2021, 18:36pm

Esther BEJARANO,

une des dernières survivantes de l'orchestre d'Auschwitz

est décédée.

 

Esther BEJARANO, l'une des dernières survivantes de l'orchestre des femmes d'Auschwitz est morte dans la nuit du vendredi 9 juillet à samedi 10 juillet à l'âge de 96 ans. Elle a dédié sa vie à la musique et à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme. Elle est décédée paisiblement à l’hôpital juif de Hambourg.


 

1. Esther BEJARANO, de sa naissance à la guerre.


 

Elle est née le 15 décembre 1924, à Sarrelouis. De son nom, Esther LOEWY. Son père est un hazzan ( un chantre, un "maître des prières" ) dans diverses communautés juives. C’est ainsi qu’il décèle l’intérêt d’Esther pour la musique et lui fait apprendre le piano. C’est ce qui lui sauvera la vie plus tard !

Sa famille déménage à Ulm en 1936 alors qu’elle a 12 ans. Trois ans plus tard, ses parents l'envoyèrent dans un camp de jeunesse sioniste afin de préparer son émigration en Palestine. Ils prirent cette décision après le pogrom de la Nuit de Cristal contre les Juifs en novembre 1938.


 

Pour eux, c'était une option pour lui épargner la persécution nazie, mais le déclenchement de la guerre a bloqué son émigration.


 

2. Le cataclysme de la guerre 40-45.

 

En 1941, tous les enseignants et étudiants de cet établissement furent arrêtés par les SS et transférés dans un camp de travail près de Fürstenwalde. Fürstenwalde est située sur la rive droite de la Spree, à environ 50 kilomètres à l'est de Berlin et à 30 kilomètres à l'ouest de Francfort-sur-l'Oder.

Durant deux ans, elle y travaille pour une pépinière locale. Le 20 avril 1943 tous les prisonniers sont déportés avec un millier de juifs vers Auschwitz.

Elle arriva à Auschwitz le 20 avril 1943 après un horrible voyage de cinq jours dans un wagon à bestiaux. Elle a été chargée de ramasser de grosses pierres, un travail épuisant et potentiellement mortel. Elle fut astreinte à ce travail forcé jusqu'à la création de l'orchestre.


 

3. Esther dans l’orchestre des femmes d’Auschwitz.


 

Son talent pour la musique lui a permis de faire partie du premier Orchestre féminin d'Auschwitz. Elle y jouait de l'accordéon, instrument qu’elle ne connaissait pas. Les nazis lui ont permis de jouer dans l'orchestre comme alternative aux travaux forcés qui ont rapidement tué de nombreuses personnes.

En fait, elle n'avait aucune idée de la façon de jouer de l’accordéon. Connaissant le piano, elle pensait que le clavier de l'accordéon était le même. Réussir à en jouer était une question de vie ou de mort. Tant que les commandants étaient satisfaits, les membres de l'orchestre pouvaient éviter une mort certaine dans les chambres à gaz.

L'orchestre jouait principalement pour accompagner les départs des déportés au travail, ainsi que les retours des kommandos le soir. Il jouait également sur la demande des SS lors de visites officielles ou pour la distraction des gardiens et officiers, à disposition desquels un répertoire était disponible dans le baraquement où les déportées s'entraînaient.

4. Transférée d’Auschwitz à Ravensbrück.


 

Alors qu’elle était à Auschwitz, la Croix-Rouge internationale a recherché des prisonniers « mischling », terme qui signifiait « personne d'ascendance mixte judéo-aryenne » . Parce qu'elle avait une grand-mère paternelle chrétienne, elle pouvait être considérée comme une mischling. Selon la loi nazie, elle n'aurait pas dû être déportée dans un camp d'extermination mais dans un camp de concentration.


 

Ses amis l'ont convaincue de se présenter à la Croix-Rouge comme mischling car cela offrait une chance de sortir d'Auschwitz. Pour l’en cvonvaincre, ses amis lui avait dit : « Si vous avez survécu, vous pourrez dire aux gens plus tard ce que nous avons vécu ».


 

Reconnue mischling, elle fut transférée au camp de concentration pour femmes de Ravensbrück en septembre 1943 où elle a dû effectuer des travaux forcés pour le géant industriel allemand Siemens.


 

En avril 1945, elle s'est échappée lors d'une marche de la mort forcée. Dans un mémoire, Bejarano a rappelé son sauvetage par les troupes américaines qui lui ont donné un accordéon, qu’elle a joué le jour où des soldats américains et des survivants des camps de concentration ont dansé autour d’un portrait brûlant d’Adolf Hitler pour célébrer la victoire des Alliés sur les nazis.


 

5. Le sort de sa famille.


 

Malheureusement, le statut de « mischling » n'offrait aucune protection à ses parents, Rudolf et Margarethe Loewy.

Ils ont tous deux été abattus par les nazis dans les bois de Kovno, en Lituanie, en novembre 1941.

Sa sœur Ruth a été assassinée à Auschwitz le 1° décembre 1942 soit quasi un an avant qu’elle n’arrive dans ce camp.

Son autre sœur, Tosca, au souhait de leurs parents, avait émigré en Palestine avant la guerre.


 

6. L’émigration en Israël...puis la brouille.


 

Elle vit durant quelques mois dans une communauté formée avec 70 autres survivants, dont Sylvia Wagenberg, autre membre de l'orchestre, qui se préparent à émigrer en Israël.

Après la libération par les troupes américaines et soviétiques en 1945, Bejarano se rend. Elle fit partie d'un groupe qui a voyagé en bateau de Marseille à la Palestine. Elle y retrouve sa sœur.


 

Elle a passé 15 ans en Israël, où elle a épousé Nissim Bejarano, un chauffeur de camion né dans le pays dans une famille venue de Bulgarie.


 

Mais c’était une sioniste utopiste. Elle s’explique :

« Nous voulions développer le pays avec les Palestiniens. Nous voulions développer le territoire ensemble. Mais c'était différent avec David Ben Gourion et Golda Meir. Ils ont bouleversé le sionisme, puis les sionistes ont dit 'c'est nous qui possédons la terre.' Ce n'était pas notre idée. ».


 

Elle adhère à l'opinion selon laquelle la paix est réalisable avec une solution à deux États, Israël et un Etat palestinien.


 

« Mon mari et moi ne pouvions pas supporter la politique israélienne. C'était une catastrophe", dit-elle. "La vie était difficile parce que nous n'étions pas d'accord avec les choses terribles qui ont été faites aux Palestiniens."

 

7. Le retour en Allemagne.

 

Ayant toujours la nationalité allemande et parlant allemand, elle est retournée avec son mari dans son pays de naissance. Ce qui fut malgré tout difficile vu ce qu’elle y avait vécu.


 

Depuis des années, malgré son âge, elle racontait son histoire et mettait en garde contre la montée de l’extrême droite. « Pour ceux qui ont vécu ça (la déportation, ndlr), on ne peut pas décrire à quel point c’est grave », insistait-elle citant notamment le mouvement xénophobe et anti-musulmans Pegida et le parti d’extrême droite AFD.


 

En s’adressant aux jeunes en Allemagne et au-delà, elle disait : « Vous n’êtes pas coupable de ce qui s’est passé à l’époque. Mais vous devenez coupable si vous refusez d’écouter ce qui s’est passé. »


 

Figure très écoutée en Allemagne, elle a écrit plusieurs autobiographies, s’est consacrée au chant et à ses activités au sein du Comité international d’Auschwitz. En juin 2017, à l’occasion du Festival des Cultures Juives, elle avait donné un concert à la Cité Internationale des Arts de l’Hôtel de Ville de Paris.

 

Elle a été fondatrice et présidente du Comité international d'Auschwitz, présidente d'honneur de l'Association des persécutés du régime nazi et titulaire de la Médaille Carl von Ossietzky.

 

En octobre 2008, elle reçoit la Croix d'officier de l'Ordre du Mérite de la République fédérale d'Allemagne et en avril 2012 le titre de la Croix de commandeur.


 

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