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Site relatif au devoir de mémoire. Concerne la FNC, la FNAPG et la CNPPA pour AWANS, BIERSET. Concerne les combattants, les résistants, les prisonniers, la guerre, l'armistice, la libération. Reportages sur les commémorations, les Monuments aux Morts, la Fête Nationale. Discours 11 novembre, 21 juillet et autres.


Walthère Dewé: héros méconnu de la Résistance. Un "Jean MOULIN" à la belge ?

Publié le 14 Février 2020, 19:01pm

Walthère DEWE

Un géant de la Résistance.

1. La personnalité de Walthère DEWE.

 

« Géant de la Résistance », c’est ainsi que l'a qualifié Henri BERNARD, professeur à l’Ecole Royale Militaire et lui-même résistant. Walthère DEWE est en tout cas une des plus éminentes figures de la Résistance belge. Il est né à Liège le 26 avril 1880.

 

Il est peu connu du grand public, sans doute parce que ses exploits relevèrent de l'organisation et de l'ingéniosité plutôt que de la violence.

 

Il avait de qui tenir. Dieudonné LAMBRECHT, résistant belge de la Première Guerre mondiale, était son cousin. Il avait pris la relève après l'exécution de celui-ci par les Allemands le 18 avril 1916 au fort de la Chartreuse à Liège.

 

Il était sorti, en 1904, de l'Université de Liège, ingénieur civil des mines. En 1905, ingénieur électricien de l'Institut Montefiore de Liège. Dewé, fit toute sa carrière à la Régie des Téléphones et Télégraphes. En 1913, il était ingénieur de 1ière classe.

 

Il fonda et dirigea deux grands réseaux de renseignements clandestins au cours des deux guerres mondiales : « La Dame Blanche »  en 1916, qu'il créa avec son ami Herman CHAUVIN  sur les restes du réseau Lambrecht, et le réseau Cleveland puis Clarence en 1940. Deux réseaux reconnus parmi les plus efficaces d’Europe.

2. Le Réseau Dame Blanche lors de la guerre de 14-18.

 

Après l’exécution de son cousin, Dewé décida d'assurer la relève. Avec Herman Chauvin et quelques patriotes, il fonda en 1916 le réseau de renseignement "La Dame Blanche" qui fonctionna jusqu'à la fin des hostilités, pour le compte de la section du Secret Intelligence Service basée aux Pays-Bas.

 

Ce réseau, remarquablement hiérarchisé et structuré couvrait tout le pays. En 1918 à la veille de l'Armistice, il comptait 1084 agents, rigoureusement sélectionnés. Dewé et Chauvin furent les premiers à implanter un réseau complet de surveillance des voies ferrées en pays occupé.


En 1917, ils établirent aussi des postes d'observations sur la rocade fondamentale, proche du front, Trèves-Charleville-Hirson-Valenciennes.

 

Ce réseau a fourni 75% des renseignements permettant aux Alliés de découvrir les plans de l'ordre de bataille allemand. Les renseignements étaient transmis aux Pays-Bas, grâce à des courriers soigneusement sélectionnés et à sept passages établis en dépit de la triple haie métallique électrifiée que les Allemands avaient édifiée tout le long de la frontière belgo-néerlandaise.


Le 31 mars 1919, en son GQG de Ham-sur-Heure, le Maréchal Douglas Haig se fit présenter les principaux chef de la "Dame Blanche". Il déclara:

"J'avais tous les matins devant les yeux, le résumé des données d'observation du Corps. Avant même d'ouvrir mon courrier, je parcourais les 150 pages des trois rapports hebdomadaires de la "Dame Blanche" et je me servais constamment des renseignements qu'ils contenaient pour la conduite des opérations militaires.


Nos soldats sont des héros, mais, parmi eux, vous occupez la première place, car vous vous êtes exposés volontairement au danger de mort, alors que vous auriez pu, comme tant d'autres, vivre en paix. A vous tous, honneur et merci."

La "Dame Blanche", à la chapelle-mémorial Dewé

3. Le réseau Clarence en 1939-1945,

 

En matière de résistance, il fut un précurseur. Il agit dès septembre 1939. Avec Herman Chauvin, Thérese de Radiguès et quelques anciens de la "Dame Blanche", il fonda le Corps d'observation belge, entouré d'ingénieurs, d'hommes d'affaires patriotes. Sous couvert de leur action commerciale avec l'Allemagne, ces agents effectuèrent un espionnage industriel permettant de suivre le déploiement de l'effort de guerre allemand. Voyageant en Allemagne, ceux-ci recueillent d'inestimables renseignements sur l'industrie, les armements, les identifications des forces armées du Reich. Belges, Britanniques, et Français furent ainsi prévenus de l’imminence de l'invasion.

 

Précurseur en matière de résistance, il se montra aussi plus clairvoyant que le Commandement belge qui n’avait laissé aucune forme de service secret sur les arrières des Allemands. Dewé donna l’ordre à certains de ses agents de ne pas se replier en cas d'avance ennemie. Il laissa en pays occupé quatre postes émetteurs que les Britanniques lui avaient confiés.

 

Walthère Dewé ne douta jamais un instant de la victoire britannique. En juin 1940, il le proclame à ses collaborateurs:

"L'Angleterre tiendra seule aussi longtemps qu'il sera nécessaire. Tôt ou tard; les Etats-Unis et l'Union soviétique seront contraints à l'intervention. La guerre sera très longue. Qu'importe! La grandeur de la cause exige que nous ne fixions aucune limite à notre devoir. Quoi qu'il arrive nous irons jusqu'au bout.

 

4. La vie de proscrit de Dewé.

 

Dewé, en toute clandestinité, hébergé chez des amis sûrs, mène une activité intense, parcourant continuellement le pays en tous sens; recrutant des agents, nouant des contacts, développant l'organisation générale du service.

 

Le réseau Clarence finit par s'étendre du littoral aux cantons d'Eupen et Malmedy, donc en territoire allemand. Il poussera ses investigations en France, aux Pays-Bas , en Allemagne.


Le réseau Clarence est organisé, inspiré, sur celui de « La Dame Blanche »: un comité de direction, neuf secteurs provinciaux, 1547 agents. Le réseau est en contact permanent avec la Grande-Bretagne. Des agents parachutistes lui fournirent des postes de radio. La première réunion du conseil de direction se tint à Ixelles, chez l'une des doyennes du réseau Dame-Blanche, Thérèse de Radiguès, 75 ans à l'époque.

 

De janvier 1941 au 3 septembre 1944, 872 messages radio furent échangés avec Londres; 92 courriers terrestres, totalisant 163 rapports avec cartes, croquis et photos furent acheminés vers la Grande Bretagne, via la France et l'Espagne.

 

Sir Claude Dansey, grand ténor des services secrets britanniques en dira:

« Par la qualité et la quantité des messages et documents qu'il fournit, "Clarence",occupe la première place parmi les réseaux de renseignements militaire de toute l'Europe occupée. »

 

5. L'acte final, la fin du « Géant ».

 

La Gestapo est sur sa piste. Le 22 juillet 1941, une première perquisition fut menée à son domicile mais Walthère avait fui dans la clandestinité. La Gestapo opèra à nouveau en septembre et en décembre. Stoïque, son épouse ne laissa jamais rien paraître.

Les émissions par radio deviennent de plus en plus risquées, les allemands utilisant la radiogoniométrie pour repérer les lieux d'émission.

Début janvier 1944, ses deux filles sont arrêtées. Le 14 janvier 1944, Walthère Dewé, qui a toujours des contacts à la Régie des Téléphones, apprend, par un membre de son réseau qui travaille à la Régie que la Gestapo a intercepté un message dévoilant l'identité de Thérèse de Radiguès. Bravant le danger, il décide d'aller personnellement la prévenir pour lui demander de se mettre en sécurité.

Mais lorsqu'il arrive chez elle, ila été devancé par la Gestapo. Face aux gestapistes qui surgissent dans le salon de madame de Radiguès, il parvient à les bousculer et à s'enfuir. Au carrefour de l'avenue de la Couronne et de la rue de la Brasserie, il saute dans un tram 81 qui, hélas, doit s'arrêter à cause d'un feu rouge. Un an, jour pour jour après la mort de sa femme, une semaine après l'arrestation de ses filles, Walthère Dewé avait trouvé la mort.

Bondissant hors du tram immobilisé, Dewé se dirige alors vers la Place Flagey où, par pur hasard, il se trouve immédiatement en face d'un officier allemand qui circulait par là. Voyant un civil aux abois qui refusait d'obtempérer à son ordre de s'arrêter, l'officier fait feu et tue Walter Dewé. Cet officier est alors pris à partie par les Gestapistes qui lui reprochent de les avoir privés de pouvoir interroger celui dont ils ignorent l'identité.  Ils l'ignoreront d'ailleurs jusqu'à la fin de la guerre. Bien organisé, le réseau continuera son action jusqu'en 1944, bien que privé de son chef.

Sur les 1.547 agents et auxiliaires de « Clarence », 47 tombèrent en action, des pertes modérées en comparaison des 15000 résistants qui décédèrent: fusillés, décapités, pendus, tombés au combat, morts dans les camps de concentration. Ces pertes peu élevées du réseau Dewé sont dues à l'expérience des chefs, à leur souci de sélection des agents, de la discrétion et du cloisonnement.

6. En souvenir de Walthère Dewé.

 

A Ixelles, rue de la Brasserie n° 2, une plaque commémorative est apposée sur la façade de la maison au pied de laquelle Dewé fut abattu.
 

ICI
LE FERVENT PATRIOTE LIEGEOIS
WALTHERE DEWE
HEROS DES DEUX GUERRES
1914--1918
1940--1945
AYANT REFUSE DE SE RENDRE
TOMBA SOUS LES BALLES ALLEMANDES
LE 14 JANVIER 1944

A Liège, la Chapelle Saint-Maurice est le "Mémorial Walthère Dewé". Situé Rue Coupée (entre le Boulevard Hector Denis et la Rue Fond des Tawes).

Inscriptions figurant sur la chapelle

Plaque en bronze à gauche de l'entrée
"AU LIÉGEOIS WALTHÈRE DEWÉ
DIRECTEUR DES T.T.
GRAND RÉSISTANT
CHEF DU
RÉSEAU DE RENSEIGNEMENTS
LA DAME BLANCHE
(1914-1918)
ET DU
SERVICE CLARENCE
(1940-1945)
ABATTU LE 14 JANVIER 1944
PASSANT, NE L'OUBLIE PAS !"


Pierre de taille en bas à droite de l'entrée
"EN SOUVENIR DE
WALTHÈRE DEWÉ
MORT EN HÉROS
LE 14 JANVIER 1944".

Une plaque, Rue de l'Université, à Liège,, sur la façade des anciens bâtiments de la RTT.

"AU LIÉGEOIS WALTHÈRE DEWÉ
DIRECTEUR DES T.T.
GRAND RÉSISTANT
CHEF DU
RÉSEAU DE RENSEIGNEMENTS
LA DAME BLANCHE
(1914-1918)
ET DU
SERVICE CLARENCE
(1940-1945)
ABATTU LE 14 JANVIER 1944
PASSANT, NE L'OUBLIE PAS !"

Une stèle, à Liège,  Rue Fond des Tawes (en contrebas de la chapelle Saint-Maurice).

 

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