AVRIL 1941: Un Progrom à ANVERS.

UN PROGROM à ANVERS en 1941.

Le dictionnaire Larousse donne deux définitions au mot « Progrom ».

Le sens premier : « Attaque accompagnée de pillage et de meurtres perpétrée contre une communauté juive dans l'Empire russe. »

Et un sens par extension : « Émeute sanglante dirigée contre une minorité ethnique ou religieuse.»

Ce qui s’est passé à ANVERS, le 14 avril 1941 répond bien aux deux sens. Ce progrom fut le fait d’organisations flamandes pro-allemandes de la Zwarte brigade, de la SS Vlaanderen, du VNV et de la ligue anti-juive Volksverwering.

Cette ligue antijuive comptait un millier d'activistes.

Cette émeute antisémite a été déclenchée à la suite de la projection du film Le Juif éternel dans le cinéma Rex de la Keyzerlei.

Ils mirent le feu à deux synagogues et à l'habitation du grand-rabbin Markus Rottenberg qui parvint à s'enfuir. Deux cents vitrines de magasins furent saccagées. L'occupant empêcha les pompiers d'accéder aux lieux du sinistre. Les pompiers ne pourront intervenir que tardivement. A ce moment, les dégâts occasionnés aux édifices étaient considérables.

Tout fut déclenché par l'avocat anversois René Lambrichts (1900-1993), Président de la Ligue Antijuive. Devant une salle comble (1 500 personnes ), il prononça une allocution en préambule à la projection. Collaborationniste, il salua la politique menée par  qui « libérera l'Europe de l'influence juive ». La projection avait été organisée par la Propaganda Abteilung.

Affiche du film !

Le jour et l’heure avaient été soigneusement choisis : le matin du lundi de Pâque, à 10 h.

A l'issue de la projection, deux cents activistes descendent la Keyzerlei en direction du quartier juif de la Gare Centrale . Pelikaanstraat, Ils passent devant la Kommandandtur d'Anvers qui ignore tout de cette manifestation. Les émeutiers sont armés de gourdins et de bâton ferrés. Sur leur passage, les vitrines des commerces juifs sont saccagées. Le groupe se dirige ensuite vers la Oostenstraat et Van-den-Nestlei pour y piller les deux synagogues, en détruire le mobilier, les objets du culte et les livres sacrés.

Cela n’arrange pas les affaires des Allemands. Cela va à l’encontre de la politique officielle des occupants. A Anvers, la prise de pouvoir des collaborateurs est plus lente et plus partielle que dans beaucoup d'autres villes et communes du pays. La politique d’accomodation, la collaboration avec l'occupant de groupes importants des élites d'avant-guerre sous la direction du bourgmestre Léo Delwaide (parti catholique),y reste longtemps prédominante. Contrairement à ce qui se passe ailleurs en Flandre, on ne juge pas opportun de permettre au Vlaams Nationaal Verbond (VNV) d'y prendre d'emblée le pouvoir, peut-être parce que le VNV n'était pas particulièrement puissant avant la guerre à Anvers.

Par contre, beaucoup d'organisations national-socialistes, pangermanistes et raciste étaient actives à Anvers. Le progrom fut leur fait. Le rôle de la Propaganda Abtreilung semble aussi avoir échappé au contrôle des autorités allemandes.

Eggert Reeder, chef de la Militärverwaltung pour la Belgique et le Nord de la France responsable de la question juive, fulmine. Il entend régler la question juive dans le calme et la planification des actions et ne peut accepter de tels débordements.

Le 17 avril, les émeutiers tenteront de relancer une action. Ils s’opposeront aux forces de l'ordre, la police et la gendarmerie anversoise. En armes, ils étouffèrent rapidement la manifestation antisémite avec l'aval de l'occupant et procédèrent à des arrestations. Les Allemands firent toutefois pression pour que les antisémites arrêtés soient relaxés