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Site relatif au devoir de mémoire. Concerne la FNC, la FNAPG et la CNPPA pour AWANS, BIERSET. Concerne les combattants, les résistants, les prisonniers, la guerre, l'armistice, la libération. Reportages sur les commémorations, les Monuments aux Morts, la Fête Nationale. Discours 11 novembre, 21 juillet et autres.


LIEGE 1940-1944: La Légia remplace La Meuse.

Publié le 20 Septembre 2019, 19:24pm

40-44 : La LEGIA remplace La MEUSE.

 

1. Contexte général de la presse.

 

Les Allemands n’ont pas attendu la reddition pour agir au niveau de la presse. A partir du 19 mai 1940, tous les journaux libres ont cessé de paraître. La Propaganda-Abteilung (PA) va très rapidement s’attacher à relancer une presse « aux ordres ».

 

L’ordonnance du 14 juin 1940 fixe le cadre général de la presse. On peut distinguer trois catégories, rassemblant quelques 27 titres de quotidiens (17 francophones, 10 néerlandophones).

 

Première catégorie : les « titres volés »:  

Les journaux débarrassés de leurs légitimes propriétaires et parfois de leur rédaction. Ce sera le cas, notamment, du Soir, de Het Laatste Nieuws et du Journal de Charleroi. Ils paraîtront sous un masque de relative modération et garderont un bon tirage: plus de 300.000 exemplaires.

 

Deuxième catégorie : ceux qui reparurent tels quels:

Il y en eut de deux sortes:

Ceux qui sympathisaient déjà avec l’extrême droite : Volk en Staat ( du Vlaams Nationaal Verbond, VNV ), Le Pays réel ( de Rex ), De DagCassandre.

Les autres, plus nombreux, généralement d’obédience catholique qui voulaient faire acte de présence, en changeant parfois de titre : De Standaard devenant Het Algemeen Nieuws. Par la suite, plusieurs d’entre eux seront interdits ou rencontreront des problèmes pour avoir voulu ruser avec la censure.

 

 

Troisième catégorie : les nouveaux titres qui entérinaient « l’ordre nouveau »

Côté wallon : le Nouveau Journal La LégiaL’Avenir.

Côté flamand :  Het Vlaamsche Land et De Gazet, proches de la Duits-Vlaamse Arbeidsgemeenschap (DeVlag).

Cas de REX:

REX est un cas tout-à-fait spécial. Son journal, Le Pays réel, deviendra, du côté francophone, l’organe de combat de l’ordre nouveau et de la collaboration. Le 25 août 1940, la s.a. La Presse de Rex obtient de pouvoir sortir à nouveau Le Pays Réel. La ligne éditoriale outrancière du journal ne parvient pas à fidéliser son lectorat (moins de 10000 exemplaires vendus en 1942) et Degrelle renfloue les caisses de la rédaction grâce aux bénéfices du Palais des Parfums, une entreprise juive spoliée, et aux subventions de la SS.

 

2. Le cas liégeois : le journal La Légia.

 

La Meuse n’est pas un titre volé, comme Le Soir. C’est plus subtil. A l’arrivée des Allemands, La Meuse cessa de paraître à Liège, ayant pris le chemin de l’exil. Quelques numéros furent encore publiés à Paris sur les presses de Paris-Soir jusqu’à ce que Paris soit envahi à son tour.

 

Cet exil permis aux Allemands de s’emparer des presses de La Meuse et de s’en servir pour lancer un nouveau journal intitulé La Légia. Ce n’est donc pas le titre qui fut volé mais les infrastructures. Le premier numéro parut le 25 mai, soit trois jours avant la capitulation. Il était sous le contrôle de la « Propaganda Abteilung ».

 

Second vol, on lui attribua le stock de papiers de la « Gazette de Liège » qui avait cessé de paraître.

 

Troisième vol: les lecteurs potentiels. La Légia était devenu le seul journal liégeois ( La Meuse, La Wallonie et La Gazette de Liège étant fermés ). Ce qui lui donnait un lectorat potentiel considérable. Lectorat que la rédaction parvint à exploiter en publiant les faits-divers, les résultats sportifs, les informations théâtrales, les spectacles...La Légia arriva au chiffre de 90000 lecteurs. En outre, contrairement au Pays Réel l’adhésion à l’ordre Nouveau n’était pas aussi excessif.

 

3. L’évolution de La Légia.

 

La Légia était le nom de l’autre cours d’eau de la ville. Cours d’eau très bref puisqu’il trouve sa source à Ans !...Et que, dès son entrée en ville, il est enterré et donc invisible. Sombre présage !

 

Fin 1941, La légia adopte un ton plus wallon et reçoit un nouveau rédacteur en chef, Pierre HUBERMONT.

 

Pseudonyme de Joseph Jumeau, il est né en 1903 à Wihéries et décédé  en 1989. Au départ, avant de s’être fourvoyé, c’était est un écrivain et journaliste prolétarien et militant wallon. En 1940, il quitte Le Peuple pour divergence d’opinion. Mobilisé, il apprend à son retour en août, l’attitude de Henri De Man qui avait dissout le POB ( ancien nom du Parti Socialiste ). Influencé par ce dernier et séduit par l'Ordre nouveau, il tombe dans la collaboration intellectuelle. Il préside la « Communauté culturelle wallonne » subsidiée par les Allemands. A La Légia, il défend une idée saugrenue: le peuple wallon et la Wallonie seraient proches de la race germanique.

Voici ce qu'en dit Paul Delforge ( parlementaire libéral bruxellopis ) :

«  Soutenu jusqu'en 1944 par la Propaganda abteilung, désavoué par l'ensemble du Mouvement Wallon, Hubermont ne paraît pas conscient de ses choix politiques. D'aucuns expliquent d'ailleurs son orientation par une forme de dépit dont il aurait eu à souffrir dans l'entre-deux-guerres et que la sollicitude "allemande" aurait dissipé. »

On pourrait aussi lui appliquer cette pensée de Jankélévitch :

Quand la conjoncture dramatique et passionnée aurait dû révéler chez tout “ intellectuel ” la conscience morale, la réflexion critique, le civisme agissant, on n’a vu apparaître que l’homme de lettres vaniteux. Où l’on attendait d’eux un réflexe de citoyen, les écrivains, préoccupés avant tout de faire jouer leurs pièces ou de fonder des revues, n’ont eu que des réflexes littéraires ».

 

4. La fin de La Légia.

Les 7 et 8 septembre 1944, les troupes américaines arrivent à Liège et libèrent la ville. Puis la province, le 15 septembre. La Légia disparaît et, sans perte de temps, La Meuse reparaît. Non sans difficultés ni problèmes divers.

Il n’y a pas de papier. La Meuse reparaît en format tabloïd et sur du papier jaune. En fait, il ne s’agissait pas de papier jaune mais de papier jauni.

La Meuse reparaît comme organe officiel du Front de l’Indépendance. Mais le vrai propriétaire, le Chevalier Jean de Thier, qui s’était bien comporté durant la guerre ne put admettre que le titre soit récupéré par quelqu’un d’autre, même s’il s’agissait de résistants. Finalement, c’est début novembre 1944 que le vrai journal La Meuse reparut après avoir dû régler la pénurie de papier journal.

 

Pierre Hubermont fut arrêté à la libération et condamné à la détention perpétuelle. Sa peine fut ramenée ensuite à 16 années de prison. En 1950, il bénéficie d'une liberté conditionnelle. Il décède à Jette en 1989.


 

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