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awans-memoire-et-vigilance.over-blog.com

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Site relatif au devoir de mémoire. Concerne la FNC, la FNAPG et la CNPPA pour AWANS, BIERSET. Concerne les combattants, les résistants, les prisonniers, la guerre, l'armistice, la libération. Reportages sur les commémorations, les Monuments aux Morts, la Fête Nationale. Discours 11 novembre, 21 juillet et autres.


Naissance de la Tchécoslovaquie, conséquence de la guerre de 14-18.

Publié le 21 Novembre 2018, 19:10pm

Une conséquence de 14-18 :

La naissance de la TCHECOSLOVAQUIE.

Il faut commencer par rappeler les événements qui s’y déroulèrent entre 1914 et 1918/1919. Jusqu’en 1918/1919, Tchèques et Slovaques vivaient dans le cadre de l’Autriche-Hongrie. Mais leur statut dans l’empire était complètement différent: les Tchèques constituaient alors une province autonome dans le cadre de l’Autriche ( dans la Cisleithanie ) et s’appelait le Royaume de Bohême; quant aux Slovaques, ils dépendaient du Royaume de Hongrie ( dans la Transleithanie ) où ils n’avaient aucun statut. Administrativement, on qualifiait la Slovaquie de Haute-Hongrie, et la situation des Slovaques sur le plan national était catastrophique à la veille de la Première Guerre mondiale. Tchèques et slovaques réagirent donc diversement.

 

Au début de la Première Guerre mondiale, de nombreux Tchèques et Slovaques résidant en France entrent dans la Légion étrangère. Cependant ils sont peu à penser que le royaume de Bohême et la Slovaquie puissent un jour devenir indépendants et constituer un seul et même Etat, sous un régime républicain.

De 1914 à 1918, s’appuyant sur les liens politiques et intellectuels développés avec la France depuis la seconde moitié du XIXe siècle et sur leur contribution aux opérations militaires, les partisans de la cause nationale tchèque et slovaque, représentés par deux tchèques T.G. Masaryk, E. Beneš et un slovaque M. Štefánik, gagneront la confiance des dirigeants français. Ceux-ci leur apporteront un soutien décisif lors de l’effondrement et de l’éclatement de la double-monarchie austro-hongroise.

 

Ces représentants créent un mouvement tchécoslovaque en dehors de l’empire. Ce mouvement travaille à la recomposition de l’Europe centrale.

 

Masaryk va travailler avec tous les alliés, pas seulement avec la France. En 1917, il se rend en Russie. Il désire non seulement unifier contre l'Autriche-Hongrie les militants résidant dans les pays alliés, mais il conçoit aussi un projet dont la réalisation semble extrêmement difficile et même impossible. Dans la Russie bouleversée par la révolution, il profite de la situation pour regrouper des volontaires tchèques dans les camps de prisonniers, provenant des armées austro-hongroises, et surtout organiser avec eux un corps indépendant qui serait l’armée de la future République tchécoslovaque. Finalement, après un effort gigantesque, il obtient l'autorisation de constituer un corps d'armée - les légions tchécoslovaques. L'Etat, qui n'a pas encore été constitué, a donc déjà une armée. Les légions devraient se rendre en Europe, car la France demande qu'elles interviennent sur le front roumain.

Masaryk avait réellement une intuition aiguë de la diplomatie. Devinant que c’est aux Etats-Unis que se décidera le sort du monde, il gagne Washington et commence à se préparer aux négociations de paix. Il négocie avec les Polonais, les Ruthènes, les Serbes, les Croates, les Roumains et rédige avec eux la commune déclaration d'indépendance de Philadelphie. Il cherche aussi à gagner les sympathies du peuple américain. Cette tâche est facilitée grâce aux légions tchécoslovaques, qui traversent la Sibérie et font le tour du monde, exploit suivi par les Américains avec beaucoup d'attention. En fin de compte, il entame les négociations avec les milieux officiels américains et le Président Wilson. Ce dernier s’avère un interlocuteur attentif à ce projet de constitution de nouveaux Etats en Europe centrale, donc avec une Tchécoslovaquie indépendante.

 

La Grande Guerre se termine. Pas à pas, le projet de la République tchécoslovaque peut voir le jour. La Tchécoslovaquie naît du démantèlement de l’Empire Austro-Hongrois. Démantèlement entériné par le Traité de Saint-Germain-en-Laye.

 

Rapidement, tout se met en place de façon précipitée. Le 14 octobre 1918, à Paris, le Conseil National Tchécoslovaque devient le Gouvernement provisoire tchécoslovaque. Ensuite, arrive la déclaration d’indépendance le 18 octobre 1918 et enfin, le 28 octobre 1918, la prise en mains du gouvernement provisoire par le Conseil National de Prague. Paraît alors le premier texte de loi de la République tchécoslovaque: « La forme de l’Etat tchécoslovaque sera déterminée par l’Assemblée Nationale, de concert avec le Conseil National de Paris, comme agents de l’unanime volonté de la Nation ».

 

La République de Tchécoslovaquie est créée, réunissant la Bohême, la Moravie et la Slovaquie. Elle est présidée jusqu'en 1935 par Tomas Masaryk, puis par Edouard Benes. Constituée avec l’appui de la France, la jeune République tchécoslovaque sera non seulement un allié militaire important de Paris en Europe centrale, mais aussi un partenaire très actif dans les institutions diplomatiques de l’après-guerre.

 

Toutefois, dès le départ, la situation se montrera assez compliquée. Le nouvel été est bigarré, un véritable puzzle de nationalités. D'après les statistiques de 1921, la Tchécoslovaquie est certes un état d’une certaine importance ( 13613172 habitants ). Mais ils sont répartis comme suit :

  • 51 % de Tchèques ;

  • 23,4 % d'Allemands des Sudètes et d'Allemands des Carpates ; :

  • 14 % de Slovaques;

  • 5,5 % de Hongrois;

  • 3,4 % de Ruthènes (Ukrainiens).

  • 1,3 % de Juifs germanophones

  • 1,4 % de minorités diverses : PolonaisRoumainsRoms et autres.

  • Tous les éléments était déjà présents pour expliquer les problèmes futurs ( revendications allemandes des années 30 ) et scission entre Tchéquie et Slovaquie en 1992. D’ailleurs, dès le départ, cet état de fait fut dénoncé par les minorités allemandes incluses dans le nouvel État et majoritaires dans certaines régions, surtout que les minorités allemande et hongroise n'avaient pas été invitées à participer à l'élaboration de la constitution de la nouvelle république. On dut y envoyer la force armée pour y imposer la nouvelle république slave.

Les premières années de l’indépendance connaîtront des tensions nationalistes avec les Allemands et les Hongrois, jusque-là socialement dominants (seules leurs langues avaient été officielles dans l’Empire ). Ces tensions minèrent la vie politique malgré le bon fonctionnement de la démocratie parlementaire.

 

Les Allemands revendiquent le rattachement à l'Allemagne et à l'Autriche, et les Hongrois leur maintien en Hongrie selon la même base nationale dont bénéficient les Tchèques et les Slovaques, le Droit des Peuples à disposer d’eux-mêmes inclus dans les 14 points du Président Wilson. Ainsi, en 1919 les députés des provinces germanophones avaient voté en faveur d'un rattachement de leurs régions à la République d'Autriche ce que les Alliés interdirent par le Traité de Saint-Germain-en-Laye. Les alliés foulaient aux pieds leurs propres principes.

 

Dans les premiers mois, la république démocratique hongroise refuse de céder le territoire correspondant à la Slovaquie. Des troupes hongroises y restent stationnées et empêchent les agents du nouvel État tchécoslovaque de prendre leurs fonctions. En mai 1919, retournement des situation: la victoire de la Hongrie bolchevique sur les troupes tchécoslovaques permet la constitution d'une république slovaque des Conseils sur le territoire de la Slovaquie laquelle n’existe que quelques jours entre juin et juillet 1919.  A ce moment, autre retournement de situation, la défaite des Bolchéviques hongrois dans la guerre avec la Roumanie. L'État tchécoslovaque peut enfin, seulement, asseoir son autorité. Soit plus ou moins un an après la déclaration d’indépendance.

 

La Tchécoslovaquie connut aussi un autre problème, le retour à la vie civile des combattants. La situation de ces derniers est très diverse. Les expériences sont différentes, voire même opposées.

Les légionnaires étaient des volontaires recrutés parmi les prisonniers de guerre ou déserteurs de l’armée austro-hongroise, ou bien des émigrés. Ils avaient acquit une notoriété internationale par leurs combats en Russie contre les bolcheviks et la prise du Transsibérien.

Une partie des Tchèques et des Slovaques, certes peu nombreux, s’étaient engagés, sous l’influence de la propagande communiste, dans la guerre civile russe aux côtés des bolcheviks. Donc dans un camp adverse.

D’autres avaient fait la guerre dans les rangs de l’armée austro-hongroise.

Il leur était donc arrivé de se combattre parfois durement, même après la guerre. De ce fait, la mémoire de la guerre d’un soldat de l’armée austro-hongroise était différente de celle d’un combattant des légions tchécoslovaques engagé aux côtés des Alliés, ou encore de celle des hommes qui ont choisi de rejoindre l’Armée rouge, mémoire d’autant plus complexe à gérer qu’un seul et même soldat avait parfois pu vivre ces trois expériences consécutivement. L’expérience de guerre des combattants tchèques ou slovaques dépendait du camp pour lequel ils s’étaient battus.

A titre d’exemple, des combats avaient opposé, à Zborov  des légionnaires tchécoslovaques du côté de l’armée russe du gouvernement Kerenski à leurs compatriotes mobilisés dans les armées austro-hongroises.

 

Pour corser le tout, il y eut des soubresauts religieux. L’indépendance fut marquée par une réaction violemment anti-catholique, l’Église catholique étant soupçonnée de soutenir les Habsbourg contre la nation tchèque. Les Tchèques, pourtant presque tous catholiques, en vinrent même à accepter une vision de l’histoire formulée par un protestant, Palacki mettant au centre de la mémoire nationale la figure de Jean Hus. Un monument à la mémoire de celui-ci est commandé. Il orne désormais la grande place de la vieille ville à Prague.

 

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