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awans-memoire-et-vigilance.over-blog.com

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Site relatif au devoir de mémoire. Concerne la FNC, la FNAPG et la CNPPA pour AWANS, BIERSET. Concerne les combattants, les résistants, les prisonniers, la guerre, l'armistice, la libération. Reportages sur les commémorations, les Monuments aux Morts, la Fête Nationale. Discours 11 novembre, 21 juillet et autres.


AWANS: discours de la FNC pour la commémoration de l'Armistice.

Publié le 27 Novembre 2018, 19:08pm

AWANS:

DISCOURS prononcé au nom de la Fédération Nationale des Combattants.

 


 

La guerre de 14/18, pas plus que celle de 40/45 et que toutes les autres et surtout pas les actuelles, ne fut un épisode joyeux. Les soldats étaient peut-être partis avec la pensée que cela ne durerait guère. C'était ce qu'on leur avait dit. Tout serait fini pour Noël ! Ils durent vite déchanter. Et, durant quatre années, ils sombrèrent dans des abîmes où la condition humaine fut considérée comme moins que rien. De grands écrivains, présents dans la guerre, nous ont livré leurs sentiments.

 

Voici d'abord un texte de Maurice GENEVOIX:

« Pitié pour nos soldats qui sont morts ! Pitié pour nous vivants qui étions auprès d'eux, pour nous qui nous battrons demain, nous qui mourrons, nous qui souffrirons dans nos chairs mutilées ! Pitié pour nous, forçats de guerre qui n'avions pas voulu cela, pour nous tous qui étions des hommes, et qui désespérons jamais de le redevenir. »

 

Aussi une lettre de Georges BERNANOS, écrite en pensant à sa fille qui venait de naître:

«  Fasse le ciel qu'elle ne tienne pas de moi par le mauvais côté, ce coin noir où je me retire, aux heures mauvaises, pour ruminer contre le genre humain ! Il y a la-dedans une foule de pensées rampantes, que je n'ai pas le courage d'écraser, et qui remuent toujours. »

BERNANOS

Toujours, on retrouve, lancinante, cette interrogation : « comment les sentiments humains ont-ils pu subsister dans de telles circonstances ? » . Alors que l'on a beaucoup parlé et rendu honneur aux « Gueules cassées », il y eut d'autres traumatisés restés inconnus et internés à vie, les combattants devenus fous. C'est ce que décrit un caporal français dans ces termes : « J’ai vu un mitrailleur du 42ème qui est devenu complètement fou: il a les yeux hagards, remue la tête de droite à gauche; il a toujours le bras droit avancé, et fait le mouvement de tirer sur la gachette de sa pièce... ».Il y eut cette perte des notions élémentaires d'humanité. Notions d'humanité qui, heureusement refont surface à l'une ou l'autre occasion.

Cimetière militaire de combattants ayant perdu la raison.

Un écrivain combattant français, Marcel Sauvage, écrit dans un livre, en 1929, « Le premier homme que j'ai tué »,un événement survenu en 1916. Face à un jeune soldat allemand isolé, se croyant menacé, il le tue. Pour lui, c'est le premier homme qu'il a tué. Alors que depuis deux ans, il a tiré, il a lancé des grenades. Il a donc sûrement tué beaucoup d'hommes. Mais il s'est senti exonéré de toute responsabilité parce que cela faisait partie du massacre de masse, les tués restaient anonymes. Interrogé par la TV française dans les années 60, il dit que depuis 50 ans, il n'a jamais pu s'endormir sans revoir le regard de ce jeune soldat allemand attendant la mort.

 

Dans le camp adverse, Erich Maria Remarque, raconte dans « "À l'Ouest, rien de nouveau" » un drame semblable. Un jour, apercevant un soldat français qu'il prend pour un guetteur, i l'abbat S'approchant du corps, il se rend compte que c'était en fait un soldat français qui s'était isolé pour écrire une lettre à son épouse. Il lit la lettre. Pour lui, le mort n'est plus anonyme : il connaît son nom, son adresse, sa profession..." Il dit aussi que cela hantera ses nuits. Inutile de dire que ce livre fut brûlé lors des autodafés nazis en 1933. Alors que les nazis s'apprêtaient à éduquer la jeunesse allemande en vue d'une guerre où ils allaient devoir tuer sans sentiments, expliquer que tuer un seul homme de sang-froid était un acte de nature à hanter les nuits de celui qui l'avait commis n'était évidemment pas permis. Erich Maria Remarque était accusé de démoraliser, de pervertir la jeunesse allemande.

ERICH MARIA REMARQUE

A signalé aussi cet incident raconté par Louis BARTHAS, soldat français ayant pour seul diplôme le certificat d'école primaire mais qui avait tenu, presque au jour le jour, note sur un carnet des événements. Dans les tranchées qui se faisaient face à quelques dizaines de mètres, chaque fois qu'un tête dépassait, on faisait feu. Un jour, les tranchées allemandes et françaises sont brusquement inondées. Les soldats en sortent brusquement et, dit-il, personne d'aucun des deux côtés n'a songé à tirer. Les soldats s'interpellaient chacun dans leur langue. Et il dit : « Que dommage que nous ne pouvions pas parler la même langue ! »

 

Tout cela c'était dit par des écrivains du front. Ceux de l'arrière n'eurent pas toujours la même retenue ; on a parfois des textes glaçants. Ainsi celui-ci d'Edmond Rostand qui fut sûrement mieux inspiré lorsqu'il écrivit la tirade des nez chez Cyrano de Bergerac. «  Charge, soldat, charge » écrit-il « ta baïonnette au bout de ton fusil est comme un rai de lumière.. »

Non, la baïonnette n'est pas un rayon de soleil mais un instrument destiné à donner la mort ! Jamais aucun écrivain-combattant n'aurait écrit cela. 

 

 

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